(Québec) Le député de la Coalition avenir Québec (CAQ) dans la circonscription de Rousseau, Louis-Charles Thouin, doit se retirer en raison d’apparences de conflits d’intérêts, estime l’opposition.

L’Unité permanente anticorruption (UPAC) s’intéresse à l’ancien maire de Saint-Calixte et préfet de la MRC de Montcalm, a révélé mardi le Bureau d’enquêtes de Québecor.

Le député Thouin fait également l’objet d’une enquête de la commissaire à l’éthique pour son rôle dans la modification du schéma d’aménagement de la MRC.

Il est aujourd’hui adjoint parlementaire de Sonia LeBel au Conseil du trésor.

Louis-Charles Thouin n’a d’autre choix que de se retirer du caucus de la CAQ et de ses fonctions parlementaires le temps de faire toute la lumière, a martelé mardi la cheffe libérale Dominique Anglade.

« Les conflits d’intérêts sont nombreux par rapport à des gens de son entourage, des gens qu’il connaissait, des gens de sa famille.

« On est rendu à voir l’UPAC qui fait des interventions. Clairement, il y a un enjeu. Il faut qu’il se retire », a déclaré Mme Anglade.

« Complaisance maximale »

En point de presse, elle a reproché au chef de la CAQ, François Legault, de faire le contraire de ce qu’il disait alors qu’il était dans l’opposition.

En 2012, M. Legault avait déclaré : « Si jamais […] quelque chose d’illégal ou de non éthique a été fait, il n’y a pas une personne dans mon équipe […] qui va rester. C’est tolérance zéro. »

Puis, en 2017, il ajoutait : « Il y a la partie légale, la partie apparences et perceptions. En politique, c’est aussi important, la perception. C’est tolérance zéro à la CAQ. »

Aux yeux de Mme Anglade, au pouvoir, M. Legault fait plutôt preuve de « complaisance maximale ».

Elle a rappelé que le ministre caquiste de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, s’est fait blâmer deux fois plutôt qu’une par la commissaire à l’éthique. Il aurait dû se retirer du conseil des ministres, selon elle.

« Ce qu’on demande au premier ministre, c’est de faire ce qu’il disait qu’il ferait quand il était dans l’opposition », a déclaré Mme Anglade.

« Il y avait tolérance zéro, et maintenant on est rendu à une complaisance maximale, cautionnée par le premier ministre », a-t-elle ajouté.

La CAQ comme le PLQ, dit QS

Chaque jour qui passe, la CAQ ressemble de plus en plus au Parti libéral du Québec (PLQ), a répliqué le co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois.

« Il y a beaucoup de gens qui ont voté pour la CAQ en 2018 parce qu’ils voulaient se débarrasser des magouilles libérales. Ces gens-là doivent être de plus en plus déçus », a-t-il affirmé.

Il estime que le « strict minimum », c’est que M. Thouin se retire de ses fonctions d’adjoint parlementaire.

« Je pense que c’est un test éthique pour François Legault, qui a fait son pain, son beurre et sa confiture dans l’opposition en étant le chevalier des mœurs politiques.

« Dans la dernière année, il a protégé le seul ministre de l’histoire du Québec — c’est pas rien — à avoir été blâmé deux fois et là à avoir une quatrième enquête sur lui. […] J’ai bien hâte de voir ce qu’il va faire. »

Interrogé à savoir si M. Thouin allait poursuivre son travail ou bien se retirer, le bureau de la ministre LeBel a répondu : « Pas de commentaires de notre côté. »

« L’ancienne procureure de la commission Charbonneau doit virer Louis-Charles Thouin, […] c’est aussi clair que ça », a soutenu le leader parlementaire du Parti québécois (PQ), Martin Ouellet.

« Il ne doit plus être son adjoint parlementaire le temps que l’UPAC fasse son enquête et surtout le temps que la commissaire à l’éthique statue sur sa situation. »