(Ottawa) Le chef du Parti conservateur Erin O’Toole affirme qu’il ne veut pas d’élections fédérales tant et aussi longtemps que la majorité des Canadiens n’auront pas été vaccinés.

M. O’Toole joint ainsi sa voix à celle du chef du NPD, Jagmeet Singh, qui a déclaré il y a deux semaines que des élections fédérales doivent être évitées alors que la pandémie de COVID-19 bouscule encore le quotidien des Canadiens.

M. Singh est même allé jusqu’à affirmer que sa formation politique est prête à assurer la survie du gouvernement minoritaire de Justin Trudeau durant les votes de confiance à venir pour empêcher la tenue d’élections au printemps.

En conférence de presse, mardi, M. O’Toole a déclaré que la priorité absolue du gouvernement Trudeau doit être de mener à bien la campagne de vaccination. Le Canada accuse un large retard en la matière comparativement à de nombreux pays, dont le Royaume-Uni et les États-Unis, entre autres.

« J’ai toujours dit que nous devrions nous concentrer sur les vaccins et non sur les votes », a lancé le chef conservateur en commentant la possibilité que des élections fédérales aient lieu après le dépôt du budget par la ministre des Finances Chrystia Freeland, vraisemblablement en avril.

« Nous devons prendre le dessus sur la COVID-19. Et la seule chose qui nous permettra de le faire, ce sont des vaccins dans les bras des Canadiens. Je veux que le gouvernement réussisse à cet égard. Je suis frustré comme tout le monde de voir que le Canada est à la 50e ou à la 60e place dans le déploiement des vaccins », a souligné M. O’Toole.

Des retards dans la campagne de vaccination signifient que la relance économique sera plus lente, a aussi relevé le chef conservateur. « Alors je veux que le gouvernement réussisse et il ne devrait y avoir aucune élection tant que nous n’aurons pas déployé tous les vaccins et que nous ne pourrons pas commencer à rouvrir l’économie », a-t-il aussi affirmé.

M. O’Toole a tenu ces propos après avoir dévoilé les priorités de son parti en prévision du prochain budget fédéral. Il s’agira du premier budget en deux ans déposé par le gouvernement Trudeau.

Le Parti conservateur utilise la journée de l’opposition de mardi pour forcer la tenue d’un débat sur les meilleures options budgétaires pour soutenir les travailleurs et les familles et relancer l’économie canadienne

Entre autres choses, le Parti conservateur compte presser le gouvernement Trudeau d’inclure dans son prochain budget des mesures de soutien aux travailleurs oeuvrant dans les secteurs qui ont été les plus durement touchés durant la pandémie tels que l’hôtellerie, le tourisme et le secteur de la bienfaisance.

Mais les troupes d’Erin O’Toole se montrent toutefois peu favorables à une aide directe aux compagnies aériennes. Les conservateurs croient que le gouvernement fédéral doit s’en tenir à leur proposer des prêts remboursables, à condition qu’elles remboursent les consommateurs pour les billets d’avion qui n’ont pu être utilisés à cause de la pandémie, qu’elles rétablissent des liaisons régionales et s’engagent à protéger les emplois.

Le Parti conservateur demande également à la ministre Freeland de mettre en œuvre « des programmes de soutien améliorés, y compris du crédit pour les petites et moyennes entreprises qui soit accessible dans les 30 jours de l’adoption de cette motion afin de prévenir une vague de faillites et de mises à pied ».

Le Parti conservateur et l’avortement

S’il affirme que l’économie et la vaccination sont les priorités, M. O’Toole sera confronté à une tentative de certains membres de son parti de rouvrir le débat sur l’avortement.

Au congrès national du parti qui aura lieu de façon virtuelle dans une dizaine de jours, des militants pro-vie tenteront de faire modifier la constitution du Parti conservateur afin d’y inclure une clause qui stipule que la formation politique croit « à la valeur et à la dignité de toute forme de vie humaine, de la conception jusqu’à la mort naturelle ». Une telle clause aurait pour effet de faire du Parti conservateur un parti résolument pro-vie.

Interrogé à ce sujet, mardi, Erin O’Toole a affirmé que le Parti conservateur est un parti composé de militants aux perspectives différentes. Mais il est hors de question qu’il relance ces débats.

« J’ai été élu comme chef et j’ai une feuille de route très claire sur ces questions. […] Je suis pro-choix et j’ai toujours défendu les droits des Canadiens. Notre approche sera axée sur les défis auxquels le pays est confronté comme la lenteur du déploiement des vaccins, l’absence de plan pour un programme national de tests rapides et une relance économique après la COVID-19 », a-t-il soumis.

Malgré les démarches des conservateurs sociaux, il a fait valoir que son parti sortira « uni » de ce congrès virtuel.