(Ottawa) Le leader du gouvernement à la Chambre des communes, Pablo Rodriguez, accuse les conservateurs d’obstructionnisme.

Selon lui, l’opposition officielle bloque systématiquement le programme législatif du gouvernement libéral, notamment les projets de loi autorisant des milliards de dollars d’aide liée à la pandémie et des mesures spéciales pour organiser en toute sécurité des élections.

« Ils font toute le temps de la politique à la Chambre. On prend du retard, encore du retard, toujours du retard. À la fin, ce retard devient de l’obstruction, fulmine M. Rodriguez. C’est absurde. C’est insultant pour les Canadiens qui devraient s’en inquiéter parce que ces programmes importants pourraient ne pas entrer en vigueur à cause des jeux conservateurs. »

Le leader parlementaire conservateur, Gérald Deltell, croit que les libéraux n’ont qu’eux-mêmes à blâmer. Il attribue carrément la responsabilité de l’impasse législative à M. Rodriguez.

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Le leader conservateur, Gérard Deltell

« Le leader du gouvernement à la Chambre n’a pas établi de priorités claires et n’a donc pas réussi à gérer le programme législatif, souligne-t-il. Ma porte est toujours ouverte à des discussions franches et constructives. »

Le leader parlementaire du Bloc québécois Alain Therrien en convient avec M. Deltell, mais il croit que les conservateurs ne sont pas exempts de tout reproche dans ce dossier.

M. Therrien qualifie de « déplorable » l’obstruction conservatrice pour retarder l’adoption des projets de loi sur l’aide médicale à mourir et l’interdiction des thérapies de conversion.

« Ce sont des dossiers qui nécessitent de la compassion et de la rigueur », déclare-t-il dans un courriel. Le bloquiste laisse entendre que le chef conservateur Erin O’Toole a du mal contrôler l’aile religieuse de son caucus.

Le leader parlementaire du NPD, Peter Julian, renvoie dos-à-dos les libéraux et les conservateurs. Pour lui, il est évident que les deux partis préparent le terrain pour des élections.

M. Julian accuse les libéraux de présenter des lois inutiles, comme le projet de loi électorale, tandis que des projets de loi « d’une importance vitale », comme celui mettant en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et un autre sur les émissions nettes de carbone nulles, languissent.

Selon lui, les libéraux retiennent des projets de loi importants pour pouvoir prétendre qu’ils ne peuvent pas faire avancer les choses dans le Parlement minoritaire. M. Julian ajoute que les conservateurs jouent leur jeu en bloquant les projets de loi que le gouvernement propose.

La députée verte Elizabeth May se porte à la défense de Pablo Rodriguez qui « doit être à bout de souffle ».

« Ce que je constate, c’est de l’obstructionnisme, pur et simple », dit-elle.

Elle blâme les conservateurs principalement pour la « folie procédurale » à la Chambre communes. Elle reproche au Bloc et au NPD d’être « de mèche » en faisant intervenir des députés pour retarder les débats.

« Les conservateurs sont les principaux responsables, mais ils sont tous ligués, affirme l’ancienne cheffe du Parti Vert. Ils essaient tous d’empêcher tout ordre qui pourrait permettre aux libéraux de dire qu’ils ont accompli un programme législatif. Que les projets de loi soient bons, mauvais ou indifférents n’est pas pertinent dans cette stratégie. »