(Québec) François Legault juge « très préoccupantes » les révélations voulant que le premier ministre Pierre Elliott Trudeau aurait voulu punir les citoyens pour avoir voté en faveur du Parti québécois (PQ) en 1976.

Le premier ministre Justin Trudeau, fils de Pierre Trudeau, a pour sa part refusé de commenter les faits troublants reprochés à son père.

Des documents diplomatiques américains laissent en effet entendre que Pierre Trudeau aurait voulu faire grimper le chômage à 15 %, voire 20 % au Québec, afin de nuire au mouvement indépendantiste.

Ces comptes-rendus de l’ambassadeur des États-Unis de l’époque à Ottawa ont été révélés tout récemment par Washington.

Ils suggèrent que M. Trudeau souhaitait que l’empire Power Corporation redirige ses activités et ses investissements hors du Québec.

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François Legault, premier ministre du Québec

« Il faudrait vérifier, c’est très préoccupant, a déclaré François Legault mercredi en marge d’une conférence de presse. C’est très grave si c’est vrai. »

Il a rappelé toutefois que Power Corporation avait démenti ces révélations et n’avait « jamais déménagé une personne, même en Ontario », pour répondre aux vœux de M. Trudeau.

Trudeau répond

À la Chambre des communes, le Bloc québécois (BQ) a voulu faire réagir Justin Trudeau. Selon le Bloc, il y a une continuité dans la « méthode Trudeau » : faire mal au Québec.

« Le premier ministre canadien envisageait donc, à des fins politiques, de faire perdre leur emploi à d’honnêtes gens, a lancé le député bloquiste Stéphane Bergeron. Le premier ministre juge-t-il que le comportement de son prédécesseur était à la hauteur de sa fonction ? »

« Je ne vais pas commencer aujourd’hui un débat historique avec le député du Bloc québécois », s’est limité à répondre Justin Trudeau, arguant qu’il avait d’autres chats à fouetter, avec la pandémie.

Le PQ demande de la transparence

Le Parti québécois (PQ) insiste pour qu’on fasse la lumière sur ces évènements et demande que le gouvernement fédéral divulgue donc tous les documents nécessaires.

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Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Selon le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, il y a une constante dans l’action du fédéral, qui veut discréditer le Québec et les Québécois.

« Les Québécois ont accepté les prétentions du fédéral voulant qu’ils n’ont pas la compétence pour avoir un pays comme n’importe quel autre peuple », a-t-il déploré en entrevue avec La Presse Canadienne mercredi.

« C’est important qu’on réalise factuellement que le fédéral, à même nos impôts, a mis en œuvre des plans pour soit saboter notre prospérité et nos institutions, soit pour nous faire croire que nous ne sommes pas assez bons, que nous ne serions pas capables d’avoir une démocratie normale. »

Le chef péquiste a soulevé quelques exemples dans l’Histoire contemporaine des efforts du fédéral pour nuire au Québec, que ce soit l’emprisonnement de Québécois innocents durant la crise d’Octobre, l’espionnage illégal du PQ par les agents fédéraux, ou encore le « plan B » du gouvernement Chrétien pour contrer les indépendantistes.