(Montréal) Les grandes villes du Québec réclament des centaines de millions de dollars d’argent neuf au gouvernement Legault afin qu’il rétablisse le financement de logements sociaux, et ce, dès le prochain budget.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, accompagnée des maires de Québec et de Gatineau, Régis Labeaume et Maxime Pednaud-Jobin, ont fait état vendredi lors d’une conférence de presse virtuelle d’un manque criant de logements sociaux et d’un retard accumulé dans la construction de nouvelles unités après deux ans d’un gouvernement caquiste qui a cessé d’ajouter des sommes à ce poste budgétaire.

« Les deux premiers budgets du gouvernement du Québec ont servi à débloquer les unités existantes pour lesquelles il manquait un certain financement, mais il n’y a eu aucun nouvel argent pour de nouvelles unités », a fait valoir Mme Plante.

« Depuis deux ans, on n’a pas de nouvel argent. Cette année, dans ce budget-là, on demande de rétablir le taux historique, de ramener les montants qui nous permettaient de remplir notre mission », a-t-elle insisté.

Mme Plante, qui réclame 200 millions pour la métropole, rappelle que l’argent que Montréal recevait annuellement depuis une trentaine d’années lui permettait de créer de 1000 à 1500 logements sociaux par année et que ce manque à gagner se manifeste cruellement, encore plus maintenant.

« Force est d’admettre qu’avec la pandémie, la crise du logement, surtout du logement social, s’est exacerbée. […] On les voit bien les gens qui ne se trouvent pas à loger. On la sent la détresse. »

Québec : logements sociaux et centres d’achat

Régis Labeaume, qui réclame 60 millions pour sa ville, souligne que Québec a beau être le théâtre d’une activité record de construction de logements locatifs, le taux d’inoccupation demeure sous le seuil critique de 3 % et qu’il a dû imposer un moratoire sur la conversion de logements en condominiums dans quatre des six arrondissements de la Vieille Capitale.

Il dit viser la construction de 5000 nouvelles unités dans les cinq prochaines années, « particulièrement des clientèles vraiment’poquées’ ». La Ville prévoit, parmi ce lot, 2600 unités de logement social, dont 500 réservés aux itinérants, 150 pour des gens ayant des incapacités physiques et 200 unités pour des jeunes qui arrivent à la majorité alors qu’ils sont hébergés par la Direction de la protection de la jeunesse ou des familles d’accueil « qui se retrouvent dans la rue du jour au lendemain et on pense que ce n’est pas acceptable », a affirmé le maire Labeaume.

Devant la forte hausse des prix des logements en résidences pour personnes âgées et la crise qui affecte les centres commerciaux, il avance une solution étonnante qui servirait tant les propriétaires de ces installations commerciales que les personnes âgées à revenu modeste : « On va provoquer la construction de 2000 nouvelles unités dans les centres d’achat avec de la hauteur ou sur les stationnements des centres d’achat ».

Quant aux 400 unités restantes, la Ville de Québec travaille à des solutions de zonage afin de permettre la construction de minimaisons sur les terrains résidentiels, une approche bigénérationnelle permettant aux adultes d’accueillir leurs parents chez eux, tout en permettant à chacun de conserveur leur intimité.

Gatineau : état d’urgence en logement

À Gatineau, le maire Pednaud-Jobin a rappelé que sa ville a été le théâtre, depuis 2017, de deux inondations catastrophiques et d’une tornade qui ont détruit de multiples logements dans les secteurs les plus défavorisés et que la pandémie a aggravé une situation déjà critique.

« On a cet automne déclaré symboliquement l’état d’urgence en logement », a-t-il laissé tomber.

« Ça va très mal. Ce sont à peu près 1000 ménages qui sont en attente d’une habitation à loyer modique, 8900 ménages qui dépensent plus que 30 % de leur revenu pour se loger et notre taux d’inoccupation est à 1,6 %. À 1,6 %, il n’y en a plus de logements. »

Il souligne que les sommes fournies par Québec ne lui permettent de construire qu’une centaine d’unités plutôt que les 175 prévues puisque l’enveloppe prévue pour chaque unité ne correspond plus du tout à son coût réel.

Les dirigeants municipaux font valoir qu’au-delà de soulager la détresse sociale, un effort de construction de logements sociaux contribuerait à la relance économique de l’ensemble de la province.

« Nous, on veut souligner l’urgence que ça fasse partie de la relance, que ça fasse partie du prochain budget du gouvernement du Québec », a martelé le maire Pednaud-Jobin.