(Québec) Les « commandes politiques » ont encore cours au ministère des Transports (MTQ), soutient l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ).

« Les commandes politiques, c’est encore présent, on est encore sous influence des commandes politiques », a affirmé le président de l’APIGQ, Marc-André Martin, en commission parlementaire jeudi. Rappelons que le ministère des Transports a été régulièrement éclaboussé par des allégations et des controverses.

M. Martin témoignait aux consultations sur le projet de loi 60, qui a pour but de réformer complètement le système d’embauche dans la fonction publique.

L’APIGQ, qui représente 1500 ingénieurs, a affirmé qu’on fait tout pour contourner ses membres. Selon le président du syndicat, on essaie actuellement de « tasser tranquillement les ingénieurs » et de les dévaluer.

Entre autres, les ingénieurs ne sont plus des « chargés de projet » au MTQ, mais des « chargés d’activité » dépourvus d’autonomie et au bas de la pyramide, a-t-il déploré.

« On est pris dans un carcan », a poursuivi M. Martin en évoquant des ingénieurs qui n’osent pas dire non.

Il était interrogé par le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault, qui était scandalisé par ces révélations.

Rien de réglé

« Ça veut dire qu’on n’a rien réglé depuis la commission Charbonneau », s’est indigné M. Gaudreault, en entrevue avec La Presse Canadienne. J’étais renversé. »

Or le projet de loi 60 est piloté par la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, qui était procureure en chef de la commission Charbonneau, donc aux premières loges des scandales qu’elle a révélés.

Étant donné ses antécédents, Mme LeBel ne peut accepter cette situation et doit apporter des correctifs, selon M. Gaudreault.

« Il faut qu’elle constate qu’il y a encore des problèmes majeurs et elle doit passer à l’action », a dit le député péquiste, en rappelant qu’une des recommandations de la commission Charbonneau était de confier à des experts indépendants la planification des travaux routiers.

Dans l’éventail des « pressions politiques », il y a par exemple « pousser la machine » pour faire accélérer les projets à des fins partisanes, afin de favoriser des circonscriptions ou gagner des sièges.

« Il faut que les projets routiers se fassent selon leur priorité et leur urgence, en fonction de critères comme la sécurité, la circulation, les risques d’accident plus élevés », a fait valoir M. Gaudreault, en martelant que le politique n’a pas à s’ingérer dans le choix des routes.

Une agence indépendante

Il plaide d’ailleurs pour la transformation du MTQ en une agence indépendante qui permettrait de redonner de l’autonomie professionnelle aux ingénieurs. Il avait d’ailleurs déposé un projet de loi en ce sens lorsqu’il était ministre des Transports du gouvernement Marois.

« Cela mérite d’être étudié », a répondu M. Martin, en ajoutant que sur le plan de l’autonomie professionnelle des ingénieurs, « ce serait parfait ».

Il faut une agence d’ingénierie exempte de pressions politiques et qui possède une expertise, puisque les novices inexpérimentés n’osent pas exprimer un refus et cèdent donc plus facilement », a-t-il conclu.

« C’est important l’expertise, c’est important d’être capable de dire non. »