(Ottawa) Le Nouveau Parti démocratique (NPD) propose l’élimination d’ici 2030 des foyers privés de soins de longue durée à but lucratif, dans le cadre d’un plan de plusieurs milliards de dollars présenté comme une prochaine promesse électorale.

Le chef Jagmeet Singh a déclaré qu’un gouvernement néo-démocrate convoquerait les provinces et territoires, les experts et les travailleurs afin d’établir des normes nationales pour les foyers de soins de longue durée, avec à la clé 5  milliards en financement fédéral dédié.

Dans un communiqué publié vendredi, le NPD accuse Justin Trudeau d’avoir maintenu les coupes des conservateurs dans les transferts aux provinces en matière de santé. « Justin Trudeau a promis aux travailleurs des soins de longue durée, aux résidents et à leurs familles de mieux financer les soins de longue durée et les soins aux personnes âgées avant d’être premier ministre. Il a rompu sa promesse », a soutenu M. Singh.

Le chef adjoint du NPD, Alexandre Boulerice, a estimé que « dans un pays riche comme le nôtre, on ne devrait pas voir l’armée débarquer dans nos établissements de soins de longue durée », comme on l’a vu au printemps dernier au Québec et en Ontario.

« Les vagues de privatisation des soins de santé et les coupes successives des gouvernements libéraux et conservateurs dans les transferts en santé aux provinces sont responsables de l’hécatombe qu’on a connue au printemps dernier, a-t-il indiqué dans un communiqué. Des CHSLD comme celui d’Herron qui engrangent des profits faramineux sur le dos de nos aînés, ça ne devrait plus exister. »

Des normes nationales

Le NPD propose de créer un groupe de travail national chargé d’élaborer un plan pour faire passer en moins de dix ans tous les établissements de soins de longue durée à but lucratif à un modèle sans but lucratif.

Les néo-démocrates souhaitent collaborer avec les résidents, les spécialistes, le personnel soignant et les gouvernements provinciaux et territoriaux afin d’élaborer des normes pancanadiennes de soins de longue durée, assorties d’un financement fédéral « spécial, adéquat et stable ».

Le premier ministre Trudeau a lui aussi suggéré l’an dernier l’imposition par Ottawa de normes nationales pour les soins de longue durée, avec un financement dédié d’Ottawa, même s’il s’agit d’un champ de compétence provinciale. Il a laissé entendre, avant les Fêtes, que les provinces qui refuseraient ces normes nationales seraient privées du financement fédéral.

Plusieurs études au cours des six derniers mois ont montré que les foyers de soins à but lucratif étaient plus susceptibles de voir des éclosions de COVID-19 plus étendues et plus mortelles. M. Trudeau a réitéré qu’il voulait respecter la compétence des provinces en cette matière, tout en cherchant à protéger les droits des aînés grâce à des milliards de dollars de fonds de soutien supplémentaires transférés aux provinces au cours de la dernière année. Il se refuse pour l’instant d’augmenter les transferts aux provinces en matière de santé.

En vertu de la proposition du NPD, le financement des provinces et des territoires serait lié aux principes d’accessibilité et d’administration publique de la Loi canadienne sur la santé, qui ne couvre pas actuellement les soins de longue durée.

Or, contrairement aux hôpitaux, les foyers de soins de longue durée sont exclus des systèmes de santé publique provinciaux et territoriaux. Certains croient que cela entraîne une formation inadéquate des soignants, des installations de qualité inférieure et parfois une surpopulation — en particulier dans certains foyers à but lucratif.

Plus du quart des 2039 foyers de soins de longue durée au Canada sont à but lucratif, selon l’Institut canadien d’information sur la santé. Pendant la première vague de COVID-19, au printemps dernier, plus de 80 % des décès ont été recensés dans des établissements de soins de longue durée.

L’arrivée des variants fait craindre de nouvelles éclosions dans ces établissements. En date de jeudi, 66 des 127 résidents du foyer privé Roberta Place, à Barrie, en Ontario, sont morts après avoir contracté un variant du coronavirus, selon un porte-parole.