(Ottawa) François Legault, en tant que président du Conseil de la fédération, s’est entretenu avec tous les chefs de partis d’opposition à Ottawa pour les convaincre du bien-fondé d’une hausse des transferts en santé. Tous ses interlocuteurs de lundi s’entendent sur le principe, mais pas sur la façon de faire.

Le chef de l’opposition officielle, Erin O’Toole, s’est engagé auprès de M. Legaultà tenir une rencontre au sujet des transferts en santé avec les premiers ministres des provinces et des territoires dans les 100 premiers jours d’un gouvernement conservateur.

M. O’Toole n’a pas mentionné de chiffre ou de pourcentage précis, mais il a réitéré dans un compte-rendu publié sur les réseaux sociaux son intention d’augmenter les transferts en santé « de façon stable, prévisible et sans condition ».

« Je désire un fédéralisme de partenaires, pas de paternalistes », a fait valoir le chef conservateur.

Les chefs du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, et du Parti vert du Canada, Annamie Paul, se disent d’accord avec une hausse du financement en santé, mais souhaitent également voir des normes nationales pour les aînés vivant dans les centres de soins de longue durée.

« C’est clair que pendant cette pandémie, on a appris beaucoup. […] Les normes, c’est une façon de rassembler toutes les connaissances qu’on a apprises pendant cette pandémie pour protéger nos aînés et c’est quelque chose qui, je crois, est essentiel », a déclaré M. Singh avant sa rencontre.

Le Parti vert en ferait même une condition pour que les provinces reçoivent plus d’argent.

« Ce n’est pas une question de juste augmenter les transferts sans condition, sans communication, sans collaboration, parce que ça ne suffit pas et ça ne fonctionne pas », a martelé Mme Paul, lors d’une entrevue avec La Presse Canadienne après la rencontre.

La chef du Parti vert, qui parlait à M. Legault pour la première fois comme chef, a évoqué sa propre expérience. Son père est décédé pendant la pandémie dans un de ces centres. C’est pourquoi il est nécessaire de tenir une réunion d’urgence pour discuter de cette « crise humanitaire », a-t-elle plaidé.

PHOTO PAUL CHIASSON, LA PRESSE CANADIENNE

François Legault

Mais M. Legault s’oppose farouchement aux normes nationales dans les centres de soins de longue durée. Il n’a pas hésité à rabrouer le premier ministre Justin Trudeau, qui veut lui aussi des normes, à chaque fois qu’il en était question dans l’actualité.

« Je ne sais pas si j’ai réussi à le convaincre que c’était nécessaire », a laissé tomber Mme Paul.

Les premiers ministres des provinces et des territoires demandent, d’une même voix, que le gouvernement fédéral augmente sa part du financement des soins de santé afin de la faire passer de son niveau actuel de 22 % à 35 %, soit une hausse de 28  milliards.

Ils ont déjà tenu une rencontre avec M. Trudeau à ce sujet en décembre dernier. Le premier ministre canadien avait refusé de s’engager de manière précise sur la question des transferts en santé aux provinces, estimant que la gestion de la pandémie est en tête de liste.

M. Legault avait alors promis de se battre jusqu’au bout pour que le gouvernement fédéral contribue à sa « juste part » dans les soins de santé.

Ses rencontres des derniers jours avec les chefs des partis d’opposition visaient à les persuader à afficher un front commun à l’approche du prochain budget fédéral, selon la lecture qu’en a fait le chef bloquiste Yves-François Blanchet dans un récent entretien avec La Presse Canadienne.

M. Blanchet, qui a tenu sa rencontre avec M. Legault la semaine dernière, dit être le seul parti représenté à Ottawa en faveur d’une hausse des transferts en santé 28  milliards, sans condition.