(Québec) Le gouvernement Legault doit accepter d’être présent physiquement à l’Assemblée nationale lors de la reprise des travaux parlementaires, le 2 février, pour rendre des comptes de sa gestion, selon la cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade.

Elle rejette d’emblée l’idée d’une rentrée parlementaire totalement virtuelle.

Des négociations sont en cours présentement entre le gouvernement et les partis d’opposition pour déterminer si l’Assemblée nationale devrait renforcer les mesures sanitaires lors de la prochaine session parlementaire.

Le gouvernement plaide pour une rentrée totalement virtuelle, sans aucune présence physique au parlement, ce qui contrarie les partis d’opposition, soucieux d’exercer leurs droits démocratiques.

Lundi, en point de presse, en marge du caucus virtuel de deux jours des députés libéraux tenu en prévision de la rentrée parlementaire, Mme Anglade a soutenu qu’il serait « illusoire » de penser que le débat démocratique pourrait se faire sans des échanges en personne au parlement, au moins pour une partie des travaux.

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Dominique Anglade

« L’ensemble des travaux de l’Assemblée nationale à distance, ça me paraît un peu illusoire de penser que ça va être faisable », selon la cheffe libérale.

Les partis d’opposition seraient prêts à accepter que l’ensemble des travaux des commissions parlementaires, incluant les consultations sur des projets de loi, puisse se faire uniquement en mode numérique, à la condition que les activités tenues au Salon bleu, comme la période de questions, la présentation de motions et l’adoption des projets de loi, se poursuivent en personne.

« On a beaucoup de questions à poser » au gouvernement, a fait valoir Mme Anglade, en rappelant que le gouvernement avait des comptes à rendre, notamment dans sa gestion de la pandémie.

Une rencontre est prévue dans les prochains jours entre le leader du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, les leaders parlementaires des trois partis d’opposition et les dirigeants de la Santé publique, pour examiner divers scénarios.

Chose certaine, il faut trouver un mécanisme « pour que la démocratie puisse fonctionner », a-t-elle insisté.

Il n’est pas non plus exclu que la rentrée parlementaire soit reportée, pour des raisons sanitaires.

Depuis le début de la pandémie, les mesures sanitaires sont déjà très strictes au parlement. Les 125 députés n’y sont jamais présents en même temps. L’Assemblée nationale fonctionne en formation très réduite, avec au maximum une quarantaine d’élus, présents au même moment au Salon bleu et assis à bonne distance les uns des autres.

Il n’y a pas eu d’éclosion de COVID-19 à l’Assemblée nationale depuis le début de la pandémie, la grande majorité des employés sont en télétravail et les lieux sont fermés aux visiteurs.

PSPP et le « monopole du message »

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Paul St-Pierre Plamondon

De son côté, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a dénoncé le fait que dans la situation actuelle le gouvernement s’appropriait « le monopole du message », grâce à des points de presse presque quotidiens sur la pandémie.

En point de presse lundi matin à l’Assemblée nationale, en marge d’une réunion du caucus des députés du troisième groupe d’opposition, il a estimé que cette façon de fonctionner n’était pas le reflet d’une « démocratie normale ».

Normalement, dans un système démocratique, on doit privilégier « la pluralité d’opinions », ce qui inclut de l’espace à l’opposition pour exprimer ses vues, a-t-il soutenu.

Il a noté aussi que le gouvernement avait dépensé au cours des derniers mois des « sommes astronomiques » en publicité sur les mesures sanitaires, du « jamais vu de mon vivant ». La publicité, par définition, est « une forme de propagande », a-t-il fait valoir.