(Ottawa) L’ex-gouverneure générale Julie Payette ne devrait pas toucher le salaire annuel de quelque 150 000 $ à vie en tant qu’ancienne représentante de la Reine au Canada, parce qu’elle a démissionné de son poste avant la fin de son mandat, estime le chef du Parti conservateur Erin O’Toole.

Cette pension à vie est versée à tous les anciens gouverneurs généraux du pays, comme le veut la Loi sur le gouverneur général, selon le Bureau du Conseil privé du Canada. En plus de cette pension, les anciens gouverneurs généraux obtiennent aussi un financement public à vie pour leurs dépenses de bureau et frais de déplacement, par le biais d’un programme existant depuis 1979.

Âgée de 57 ans, Mme Payette a démissionné la semaine dernière, à la demande du premier ministre Justin Trudeau, après qu’un rapport d’une firme d’enquête privée eut confirmé qu’elle avait instauré un climat de travail toxique à Rideau Hall depuis son arrivée en poste en octobre 2017. En principe, le mandat de Mme Payette aurait dû prendre fin dans deux ans.

En conférence de presse, lundi matin, jour de rentrée parlementaire à Ottawa, M. O’Toole a fait valoir que Mme Payette ne devrait pas obtenir les avantages financiers dévolus aux anciens gouverneurs généraux parce qu’elle a démissionné avant la fin de son mandat.

« Elle a démissionné de son poste et elle ne devrait pas avoir accès aux courtoisies qui sont fournies aux anciens gouverneurs généraux. Maintenant, est-ce que le premier ministre Justin Trudeau s’est engagé auprès d’elle qu’elle pourrait les garder en retour de sa démission pour sauver la face ? Il est malheureux que l’institution ait été salie de cette manière », a affirmé M. O’Toole.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Erin O'Toole

Il a réitéré sa demande que le premier ministre consulte les partis de l’opposition avant de nommer une nouvelle personne au poste de gouverneur général étant donné que M. Trudeau dirige un gouvernement minoritaire et que des élections fédérales pourraient avoir lieu ce printemps.

Selon lui, M. Trudeau se placera dans une situation de conflit d’intérêts en refusant de consulter les leaders des autres formations politiques d’autant qu’il pourrait lui-même décider de convoquer les Canadiens aux urnes au lieu d’attendre une défaite de son gouvernement lors d’un vote de confiance à la Chambre des communes.

Le Bloc québécois, pour sa part, croit que la démission de Mme Payette constitue une occasion pour abolir la monarchie. Mais une telle démarche nécessiterait un amendement constitutionnel qui doit être approuvé par le gouvernement fédéral et l’ensemble des provinces, qui ont des lieutenants-gouverneurs.

Par ailleurs, M. O’Toole a aussi réclamé la tenue d’un débat d’urgence aux Communes sur le déploiement des vaccins au pays et sur la décision du président des États-Unis Joe Biden de révoquer le permis autorisant la construction de pipeline Keystone XL sur le territoire américain dès le premier jour de son entrée en fonction, la semaine dernière.

« Notre pays fait face à une crise de proportions historiques. Il y a un an aujourd’hui, le premier cas présumé de COVID-19 a été détecté au Canada. Depuis, près de 20 000 Canadiens sont morts de la COVID-19. Malheureusement, malgré les assurances du premier ministre, la livraison du vaccin de Pfizer est en péril. Des premiers ministres provinciaux disent qu’ils manquent de vaccins », a affirmé le chef conservateur.

« Cette semaine, le Canada ne recevra aucun vaccin de Pfizer. La semaine prochaine, selon le calendrier révisé, le Canada recevra moins du tiers du nombre de doses que ce que le gouvernement avait dit. La semaine suivante, selon le calendrier révisé, le gouvernement "ignore" combien le Canada recevra de doses. Ça signifie que ce gouvernement n’a pas de vrai plan. De nombreuses questions restent sans réponse, même si le gouvernement affirme qu’il a un plan. Nous aimerions pouvoir faire confiance au premier ministre, mais cette situation exige l’attention urgente du Parlement », a-t-il ajouté.