(Québec) C’est le début d’un « nouveau cycle » menant à l’indépendance du Québec, a conclu samedi le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon. Et ce n’est « pas farfelu », a-t-il assuré.

Il présentait un nouveau « projet national » aux militants du Parti québécois (PQ), réunis en conseil national virtuel : un éventuel gouvernement péquiste élu en 2022 tiendrait un référendum sur l’indépendance dans un premier mandat. Ainsi, après avoir repoussé la tenue d’un référendum sous leur ancien chef Jean-François Lisée, les péquistes redeviennent maintenant des indépendantistes pressés.

Le document de « projet national » sera discuté dans les circonscriptions au cours des prochains mois pour être adopté en congrès à l’automne 2021. Il propose notamment de « démondialiser » et « décanadianiser » le Québec.

« Je vois bel et bien un nouveau cycle » vers l’indépendance, a déclaré le nouveau chef dans son discours de clôture, en commentant un sondage suggérant que 40 % des Québécois diraient oui à la souveraineté s’il y avait un référendum.

Le chef élu par les membres il y a à peine un mois assure que le vent tourne pour le PQ, qui devrait battre un record dans sa récolte de financement populaire en novembre.

Mais la souveraineté est-elle vraiment la préoccupation de l’électeur québécois moyen actuellement ? « Il n’y a absolument rien de farfelu dans le fait d’assumer le point de vue légitime de 40 % des Québécois », a-t-il répondu en conférence de presse.

« Entrepreneur en pays »

« Je dis que je suis entrepreneur en pays, c’est une boutade mais elle représente la mentalité actuellement. Si j’avais quelque chose à dire à une dame de Terrebonne qui n’a pas le temps de suivre notre conseil national, c’est qu’on est parti en lion, on a réussi notre premier test, mais surtout que notre discussion porte sur un projet collectif d’avenir. »

Un éventuel gouvernement péquiste dirigé par Paul St-Pierre Plamondon dépenserait des fonds publics pour promouvoir son option et tiendrait donc une consultation populaire pour que le Québec devienne un pays.

Il n’y a « aucune nostalgie », à relancer ce débat 25 ans après la tenue du dernier référendum, a-t-il plaidé. « Tout est devant nous », a dit M. St-Pierre Plamondon.

Démondialisation

Un gouvernement péquiste s’engagerait à « démondialiser » le Québec, c’est-à-dire notamment à accroître la production industrielle locale pour moins dépendre des biens importés d’ailleurs.

Dans le même ordre d’idée, le gouvernement péquiste ferait la lutte aux paradis fiscaux : il cesserait de faire affaire avec les entreprises qui ont recours à ce stratagème d’évitement fiscal.

Cependant, un Québec indépendant adhérerait à des traités de libre-échange, a précisé le chef péquiste.

Le « projet national » ne fait pas mention d’une union économique avec le Canada, ce qui était pourtant un des pivots pour rassurer l’électorat au dernier référendum de 1995. Mais le nouveau chef estime que le contexte a changé et que les entreprises québécoises continueront à pouvoir faire affaire partout.

Décanadianiser

Les péquistes veulent non seulement sortir le Québec du Canada, mais aussi le « décanadianiser », c’est-à-dire sortir le Canada du Québec.

Ainsi, un gouvernement du PQ légiférerait dans les champs de compétence d’Ottawa quand il jugerait que l’inaction du fédéral nuirait aux intérêts du Québec.

Également, il dénoncerait l’utilisation des taxes et impôts du Québec pour subventionner l’industrie pétrolière albertaine.

Ce conseil national était entièrement virtuel, c’est-à-dire que les militants n’étaient pas réunis dans une salle, en raison des restrictions sanitaires, mais participaient aux ateliers par téléconférence.

Le chef et le président du parti, Dieudonné Ella Oyono, étaient toutefois réunis dans un studio de Granby pour la diffusion et l’animation de l’activité.