(Québec) Le premier ministre François Legault fait preuve de laxisme quand il s’agit d’apprécier le sens de l’éthique du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, selon Québec solidaire.

En Chambre, jeudi, la porte-parole solidaire, Manon Massé, a dit estimer que M. Legault devrait exiger de son ministre qu’il présente des excuses publiques, pour les faits que lui reproche la commissaire à l’éthique, Ariane Mignolet, dans un rapport rendu public la semaine dernière.

Mais le premier ministre a préféré décliner la requête, prenant sans équivoque la défense du ministre Fitzgibbon, à qui il a rendu hommage.

« Je ne comprends pas le laxisme avec lequel le premier ministre prend cette chose-là », a commenté Mme Massé, dans un échange avec le premier ministre durant la période de questions.

Pourtant, a-t-elle fait valoir, M. Fitzgibbon a été « lourdement blâmé » par la commissaire à l’éthique « pour avoir donné un accès privilégié à un ami lobbyiste ». De plus, a-t-elle ajouté, la commissaire a indiqué qu’il n’avait exprimé « aucune volonté réelle de s’amender ».

En guise de réponse, M. Legault a répété que son ministre avait eu « sa leçon » et que tout le monde va reconnaître qu’il a agi « de bonne foi ».

« On peut être tous très fiers de notre ministre de l’Économie », un homme de grand « calibre » qui sait comprendre les attentes des entrepreneurs, selon le premier ministre. « On n’a pas vu ça depuis longtemps », a-t-il ajouté.

Sauf que la commissaire à l’éthique a jugé que M. Fitzgibbon s’était permis une trop grande proximité avec un ami entrepreneur, Luc Laperrière, n’ayant pas su tracer la ligne entre ses relations personnelles et professionnelles.

Fait rare, elle a donc recommandé que l’Assemblée nationale émette un blâme envers le ministre Fitzgibbon. Les députés devront se prononcer sur son cas la semaine prochaine. Mais on sait déjà que le ministre sera sanctionné car le gouvernement a déjà annoncé qu’il ne s’opposera pas à la recommandation de la commissaire.

Dans son rapport, la commissaire Mignolet a reproché à M. Fitzgibbon de s’être placé dans une situation où son intérêt personnel pouvait influencer son indépendance de jugement dans l’exercice de sa charge, en raison de ses liens étroits avec Luc Laperrière.

« Le fait qu’un lobbyiste, lié par une grande relation d’amitié avec un membre du Conseil exécutif, et qui accepte de lui acheter des actions d’une entreprise pour lui rendre service, puisse communiquer directement avec celui-ci afin d’organiser des rencontres professionnelles, nuit au maintien de la confiance de la population envers […] les institutions démocratiques », a-t-elle écrit.

« Lorsqu’on occupe un poste comme celui de ministre, il est fondamental de bien tracer la frontière entre ses relations personnelles et professionnelles. Compte tenu de ce qui précède, je recommande qu’une réprimande soit imposée au ministre. »

Mme Mignolet a déploré de voir le ministre Fitzgibbon réagir à ses conclusions en estimant qu’il n’avait rien à se reprocher. « Je ne dénote ainsi aucune volonté réelle de s’amender », écrivait-elle, ajoutant que son attitude avait contribué à sa décision de recommander une sanction.