(Québec) Québec solidaire et le Parti québécois réclament que la directrice des poursuites criminelles et pénales, MAnnick Murphy, éclaircisse publiquement les raisons de son départ anticipé à la retraite, annoncé mardi après-midi, le jour même de l’élection américaine.

Les partis de l’opposition sont à la recherche de réponses au lendemain du départ surprise de MMurphy à la tête du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). Le chef parlementaire, Pascal Bérubé, croit d’ailleurs que MMurphy devrait se rendre disponible pour des entrevues dans les médias.

« Pourquoi quitter avant la fin de son terme ? Qu’est-ce qui le justifie ? […] Pour bien terminer le mandat, je suggère à Mme Murphy de se rendre disponible pour répondre à toutes vos questions », a lancé M. Bérubé mercredi.

« Je trouve que c’est une décision qui n’est pas banale et j’aimerais mieux comprendre qu’est-ce qui la motive », a ajouté le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

MMurphy a informé tous les procureurs du DPCP par courriel mardi qu’elle quittait ses fonctions pour des « motivations personnelles », soulignant un « rythme effréné de travail » et le besoin de retrouver du temps pour elle et sa famille. Elle dit avoir prévenu le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, lundi matin.

MMurphy avait porté plainte en février 2019 contre le directeur de la Sûreté du Québec, Martin Prud’homme, à la suite d’une conversation téléphonique qu’elle avait eue avec lui 16 mois plus tôt. M. Prud’homme a été blanchi de toute allégation criminelle, mais il est toujours suspendu.

L’affaire est revenue dans l’actualité à la mi-octobre alors que la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a enclenché le processus pouvant mener à la destitution du grand patron de la Sûreté du Québec (SQ), en transmettant son dossier à la Commission de la fonction publique.

« J’aimerais qu’on nous explique ce qui se passe de manière générale, puis, notamment, est-ce que le départ de Mme Murphy est lié ou pas à la situation de conflit actuellement entre la SQ et le DPCP ? C’est des questions qu’on se pose », a ajouté M. Nadeau-Dubois.

« Je sais qu’il serait tentant de relier les points, mais je ne peux pas aller jusque-là. Je préfère, dans un premier temps, l’inviter, parce qu’elle a toute la liberté pour le faire, de venir expliquer son départ prématuré de la direction des poursuites criminelles et pénales », a indiqué M. Bérubé.

Les deux formations politiques ont aussi souligné le « moment choisi » pour annoncer le départ de la directrice du DPCP, soit le jour de la présidentielle américaine, alors que l’attention médiatique était tournée vers les États-Unis.

« Ce n’est pas la première fois que des annonces de ce type-là sont faites dans ce type de contexte là, puis ça génère des doutes, ça alimente de la méfiance », a précisé M. Nadeau-Dubois. Le patron de l’Unité permanente anticorruption, Robert Lafrenière, avait notamment annoncé son départ de l’organisation le jour des élections générales du Québec.

Le mandat de MMurphy devait initialement se terminer en 2022.

De son côté, la vice-première ministre Geneviève Guilbault a limité ses commentaires. « La décision de quitter avant la fin de son mandat pour sa retraite est une décision personnelle de MMurphy. Donc, je me verrais très mal interpréter sa décision ou commenter une décision qui est personnelle. Il faudrait lui demander à elle », a-t-elle déclaré lors d’une mêlée de presse.

Elle a dit que le gouvernement « ne peut que respecter sa décision » et que « toute autre question devrait lui être adressée directement ». « Si quelqu’un décide de prendre sa retraite, la façon de l’annoncer, le moment où elle l’annonce, les raisons pour lesquelles elle prend cette décision-là lui appartiennent », a-t-elle plaidé. Elle a ajouté que le gouvernement enclenchera le processus pour nommer son successeur. La nomination devra recevoir l’appui des deux tiers des députés de l’Assemblée nationale.