(Ottawa) Les bloquistes demandent, une fois de plus, que le gouvernement canadien offre des excuses officielles pour la crise d’Octobre. Mais ils n’auront pas gain de cause, les conservateurs s’alliant aux libéraux.

Le Bloc québécois utilise sa journée d’opposition aux Communes jeudi pour débattre d’une motion qui réclame ces excuses.

« Que la Chambre réclame des excuses officielles du premier ministre au nom du gouvernement du Canada pour la promulgation, le 16 octobre 1970, de la Loi sur les mesures de guerre et le recours à l’armée contre la population civile du Québec afin d’arrêter de façon arbitraire, d’incarcérer sans accusation et d’intimider près de 500 Québécoises et Québécois innocents », propose la motion qui sera soumise au vote lundi.

Alors que le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, offrait ses arguments pour la nécessité de pareille motion en point de presse mercredi matin, le leader parlementaire conservateur Gérard Deltell, à la porte de sa réunion de caucus, a indiqué que ses collègues et lui voteront contre la motion.

« C’est clair qu’on ne votera pas en faveur de cette motion-là. Pour nous, la crise d’octobre, c’est d’abord et avant tout l’assassinat politique par des terroristes de Pierre Laporte », a laissé tomber M. Deltell.

« Je crois que le Bloc veut jouer, là, vraiment faire de la politique avec ça alors que c’est beaucoup plus complexe que ça », a renchéri son collègue Pierre Paul-Hus.

« Je m’offusque qu’on pense qu’il s’agisse d’une démarche partisane », a d’abord dit M. Blanchet. « J’ai la prétention qu’il s’agit d’une démarche nationale. J’ai la prétention qu’en de telles matières, nous portons une voix largement consensuelle », a-t-il insisté.

« J’ai bien sûr le désir que les Québécois sachent clairement que le Parti conservateur-c’est pas la seule fois, c’est pas la première fois-fait de grandes déclarations d’amour, mais quand vient le temps de livrer les fleurs et les chocolats, il n’est pas là », a-t-il ajouté, réagissant aux intentions des conservateurs.

En après-midi, M. Blanchet a utilisé toutes les questions de son parti aux Communes pour revenir sur le sujet.

« Une dernière chance pour le premier ministre. L’histoire va le regarder. Est-ce qu’il accepte de présenter des excuses aux Québécois ? », a ultimement demandé le chef bloquiste.

À cette dernière question, Justin Trudeau a choisi de répondre que les bloquistes ne parlaient pas pour tous les Québécois. « Le Parti libéral aussi a été élu par bien des Québécois, dans plus de comtés que le Bloc, d’ailleurs, pour représenter les Québécois aussi », a-t-il soumis.

Auparavant, il avait répété qu’il préférait se concentrer sur la crise sanitaire actuelle et préparer les 50 prochaines années plutôt que de se pencher sur l’histoire d’il y a 50 ans. « Il y a encore des débats politiques sur ce qui s’est passé, il y a 50 ans », avait-il dit, ajoutant qu’il a d’autres préoccupations aujourd’hui.

Le matin, prévoyant déjà le refus de M. Trudeau, M. Blanchet avait annoncé d’avance son éventuelle lecture de la réponse du premier ministre.

« J’en conclurais […] que le gouvernement canadien, le Parti libéral en particulier, Justin Trudeau en très particulier, n’ont pas le respect requis pour avoir une relation acceptable avec la nation québécoise. Et la nation québécoise va porter son propre jugement et le jugement des électeurs, ça s’exprime lors des élections », a répondu le chef bloquiste.

Chez les néo-démocrates, on rappelle que le chef a déjà demandé des excuses du gouvernement fédéral « pour les injustices commises lors de la crise d’Octobre ».

« N’oublions pas d’ailleurs que le NPD de Tommy Douglas, à l’époque, s’était opposé aux mesures de guerre imposées par le gouvernement. Nous regardons la motion de près et avec beaucoup d’intérêt », a écrit, dans un courriel, la porte-parole de Jagmeet Singh.

Les néo-démocrates et les bloquistes ne sont pas assez nombreux pour assurer l’adoption d’une motion.