(Ottawa) Les libéraux et le Nouveau Parti démocratique (NPD) ont bloqué, mardi, une tentative des conservateurs de raviver l’affaire UNIS.

Le gouvernement doit déjà fournir un rapport d’ici 20 jours ouvrables au comité parlementaire de la procédure et des affaires de la Chambre pour expliquer pourquoi une prorogation du Parlement était nécessaire, à la mi-août.

L’opposition conservatrice a déposé une motion afin d’appeler des témoins et de réclamer des documents liés au contrat sans appel d’offres offert à l’organisme UNIS pour gérer un programme de bourses de bénévolat étudiant qui devait avoir lieu cet été.

Le libéral Mark Gerretsen y a vu une tentative de l’opposition de jouer à des jeux politiques.

« Ce n’est rien de plus qu’une expédition de pêche d’un groupe de gens désespérés qui ne peuvent pas regarder au-delà de leurs propres intérêts étroits et partisans et voir que les Canadiens souffrent », a-t-il martelé par visioconférence devant les membres du comité.

Les conservateurs, eux, disent que le premier ministre n’a que lui-même à blâmer.

« Il est clair que si Justin Trudeau a décidé de fermer le Parlement pendant une pandémie, c’est pour camoufler sa conduite contraire à l’éthique », a soutenu Karen Vecchio, membre du comité et leader parlementaire adjointe des conservateurs, à La Presse Canadienne.

La présidente du comité, la libérale Ruby Sahota, a fini par décréter que la motion dans sa forme actuelle était irrecevable parce qu’elle venait préjuger des conclusions du rapport à venir du gouvernement, entre autres.

La néo-démocrate Rachel Blaney avait auparavant dit que même s’il y a un lien clair entre la prorogation du Parlement et l’affaire UNIS, à son avis, elle avait certaines préoccupations avec la motion mise de l’avant par Mme Vecchio.

Les conservateurs et le Bloc québécois ont tenté d’infirmer la décision de Mme Sahota, mais elle a été maintenue grâce à l’appui du NPD.

Le NPD a confié à La Presse Canadienne mardi soir avoir bientôt l’intention de présenter sa propre motion, pour la création d’un comité spécial qui se pencherait sur certaines dépenses « pas propres » lors de la pandémie de COVID-19.

« Il y a des allégations autour de WE Charity (UNIS), mais aussi autour de ce programme de loyers commerciaux et l’implication de l’époux de la chef de cabinet du premier ministre (pour des changements à la subvention salariale) », a énuméré Peter Julian, leader parlementaire du NPD.

Pas moins de quatre comités se penchaient sur le contrat accordé à l’organisme UNIS au moment de la prorogation du Parlement, mi-août.

Le comité parlementaire des finances avait déjà fait témoigner M. Trudeau, sa cheffe de cabinet Katie Telford, l’ancien ministre des Finances Bill Morneau et les fondateurs d’UNIS, Craig et Marc Kielburger, entre autres, cet été.

Les conservateurs espèrent maintenir cette controverse en vie, en attendant les conclusions de l’enquête du commissaire à l’éthique sur les agissements de M. Trudeau au début de l’année 2021.

La mauvaise presse ces derniers mois a eu raison d’UNIS, qui a depuis mis fin à ses activités au Canada.