(Ottawa) L’aide aux aînés se trouve tout au haut de la liste de conditions du Bloc québécois pour un éventuel appui au discours du Trône et Yves-François Blanchet, après avoir discuté avec Justin Trudeau jeudi après-midi, croit détecter « du mouvement » sur ce front.

Dans un appel téléphonique d’une vingtaine de minutes, le chef du Bloc québécois a réitéré ses demandes au premier ministre qui consultait, jeudi et vendredi, tous les chefs de parti en prévision de l’exercice de mercredi prochain.

Augmentation des transferts aux provinces pour la santé, paiement de la compensation pour la gestion de l’offre, respect des compétences du gouvernement du Québec, transfert à Québec des fonds pour le logement social… et de l’aide pour les aînés.

« Il semble qu’il y ait quelque chose qui s’en vienne à cet égard-là », a confié M. Blanchet en entrevue téléphonique. Ce « quelque chose », les bloquistes le veulent « assez important et évidemment permanent ».

Par ailleurs, M. Blanchet s’inquiète de voir le gouvernement Trudeau trop en faire « pour attacher le vote » des néo-démocrates.

« On va donner beaucoup d’argent à beaucoup de monde, avec bien peu de conditions, alors que plutôt que de compenser la perte d’un revenu d’emploi, il faudrait essayer de sauver l’emploi », a argué M. Blanchet, réclamant qu’on préserve « en amont » entreprises, commerces et emplois.

Et puis, il y a la pandémie qui relève de plus en plus la tête au pays.

« Il (M. Trudeau) va peut-être surfer sur la crainte d’une deuxième vague qui reporterait l’hypothèse d’une élection ; mais nous, on ne baissera pas nos attentes pour de telles raisons », a-t-il lancé.

Les attentes des verts

La chef parlementaire du Parti vert, Elizabeth May, a également discuté au téléphone avec le premier ministre, jeudi.

« Pour éviter l’extinction, nous avons une minuscule fenêtre. Nous n’avons pas le luxe de dire que nous nous en occuperons plus tard », rappelle-t-elle au bout du fil.

Lorsqu’elle était au téléphone avec le premier ministre, elle n’a pas été « capable d’être vraiment sûre » que M. Trudeau a encore l’intention d’agir immédiatement pour lutter contre les changements climatiques.

Après avoir prorogé le Parlement au mois d’août en disant vouloir élaborer « une reconstruction audacieuse » post-pandémie, faisant miroiter discours vert et décarbonisation, M. Trudeau a revu ses ambitions à la baisse.

En sortant des réunions de son conseil des ministres en début de semaine, il a dit vouloir se concentrer sur la gestion de la pandémie, tout en élaborant des mesures à long terme qui rebâtiront l’économie.

Mme May continue de plaider pour une relance verte, avec de l’énergie renouvelable. « La pire chose que nous pourrions faire, ce serait de chercher à renflouer les sables bitumineux », à son avis.

Prochains appels

Vendredi, ce sera au tour du chef conservateur Erin O’Toole et du chef néo-démocrate Jagmeet Singh de parler à M. Trudeau.

Le discours du Trône sera lu mercredi prochain au Sénat. Il sera soumis au vote probablement cet automne. Aucune règle ne dicte le moment de ce vote dont la survie du gouvernement minoritaire de Justin Trudeau dépendra.

Bien qu’il reste peu de temps pour réécrire ce discours du 23 septembre, des responsables gouvernementaux soutiennent que ces consultations avec les chefs des partis d’opposition ne sont pas que symboliques. Des ajouts de dernière minute sont toujours possibles, souligne-t-on.

M. Singh a déjà dégonflé l’importance de l’éventuel vote sur ce discours, disant qu’il surveillera plus attentivement le budget qui suivra. Pour survivre, le gouvernement minoritaire libéral a besoin de l’appui d’un seul parti d’opposition.