(Ottawa) Les conservateurs demandent au commissaire aux langues officielles d’enquêter sur ce qu’ils estiment être une forme de « mépris » du gouvernement Trudeau envers les francophones dans la controverse UNIS (« WE Charity », en anglais).

Leur nouveau lieutenant politique au Québec, Richard Martel, a envoyé une lettre au commissaire Raymond Théberge dans laquelle il dit que l’organisation n’était pas en mesure de livrer la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant dans les deux langues officielles du Canada.

« En effet, WE a dû faire affaire avec une autre organisation, un cabinet de lobbying, dans un ultime effort de donner l’impression d’offrir un programme bilingue », déplore M. Martel dans sa missive écrite rendue publique jeudi.

« La Presse » révélait le mois dernier qu’UNIS s’était tourné vers la firme de relations publiques National pour l’aider à rejoindre un public francophone.

Des milliers de documents rendus publics au comité parlementaire des finances ont également permis de constater que des ministres québécois avaient soulevé des doutes sur la présence d’UNIS au Québec et sur l’absence de français sur ses plateformes.

Ce programme de bourses tel qu’imaginé au départ n’a jamais vu le jour.

Le gouvernement libéral et UNIS ont convenu de mettre fin à ce partenariat au début de l’été, mais la fonction publique n’a pas été en mesure de livrer les bourses promises aux étudiants qui se sont tournés vers le bénévolat pendant la saison estivale, faute d’emplois.

Qu’importe, M. Martel demande au commissaire Théberge de se pencher sur les responsabilités du gouvernement Trudeau à l’endroit de la Loi sur les langues officielles.

« Le mépris du gouvernement à l’égard des populations francophones du Canada doit faire l’objet d’une étude approfondie. Justin Trudeau ne doit pas pouvoir se soustraire à ses responsabilités », clame le conservateur.

La controverse entourant UNIS a déjà mené à des enquêtes du commissaire à l’éthique au sujet des liens familiaux étroits de l’organisation avec les familles du premier ministre Justin Trudeau et de Bill Morneau, qui était jusqu’à tout récemment ministre des Finances.

Divers comités parlementaires ont aussi entamé des études à ce sujet, mais elles ont été suspendues jusqu’au 23 septembre en raison de la prorogation du Parlement. Le comité des langues officielles, notamment, devait se pencher sur UNIS.

Les libéraux se sont toujours défendus en disant que c’est la fonction publique qui avait recommandé UNIS pour administrer ce programme en pleine pandémie.

La ministre des Langues officielles, Mélanie Joly, a assuré que le gouvernement libéral défendrait toujours le respect des langues officielles, en soulignant que « tous les programmes du gouvernement doivent être offerts dans ces deux langues ».

« En matière de langues officielles, nous ne prendrons aucune leçon des mêmes conservateurs qui ont passé près d’une décennie à couper dans les services aux francophones », a-t-elle dit dans un courriel transmis à La Presse canadienne.