(Ottawa) À un mois de l’élection du prochain chef du Parti vert du Canada, la Torontoise Annamie Paul a accru son avance sur ses rivaux au seul chapitre de la collecte de fonds.

La course à la direction a emprunté maintenant sa dernière ligne droite : les verts prévoient annoncer le gagnant le 3 octobre, lors d’un évènement à Ottawa. À cause de la pandémie, le parti a annulé le traditionnel congrès à la direction, à l’Île-du-Prince-Édouard.

Huit candidats ont franchi cette semaine la dernière étape de cette course, en déposant avant le 1er septembre un versement supplémentaire de 20 000 $ et 150 nouvelles signatures de membres. Au 31 août, Annamie Paul, qui a notamment travaillé à la Cour pénale internationale et fondé deux entreprises d’économie sociale, avait recueilli 186 326 $. L’avocat montréalais Dimitri Lascaris arrive au deuxième rang avec 112 069 $.

La plupart des candidats ont réussi à amasser plus d’argent en août qu’en juillet, mais Mme Paul, M. Lascaris et l’urgentologue de Yellowknife Courtney Howard semblaient sortir du lot.

L’avocate montréalaise Meryam Haddad a fait un effort de dernière minute au cours des trois derniers jours du mois d’août pour demeurer sur le bulletin de vote. Depuis le début de la campagne, les candidats devaient déposer en tout 30 000 $, non remboursables, pour être de la course — un paiement initial de 10 000 $ au printemps et un deuxième dépôt de 20 000 $ le 1er septembre.

L’équipe de Mme Haddad a lancé des appels sur Twitter dans les heures qui ont précédé la date limite de lundi : elle a recueilli près du tiers de ses contributions totales de 34 000 $ au cours des quatre derniers jours du mois d’août. Dans une démonstration d’esprit sportif quelque peu inhabituelle en politique, plusieurs autres candidats ont écrit sur Twitter des messages flatteurs sur Mme Haddad pour l’aider à demeurer dans la course, y compris M. Lascaris et l’ancien ministre libéral de l’Environnement de l’Ontario Glen Murray.

Environnement et mesures sociales

Les huit candidats défendent chacun leur plate-forme, mais tous ont adopté l’idée d’un revenu de base garanti — et ils appellent tous, bien sûr, à une action énergique pour lutter contre le changement climatique.

Mme Paul préconise également la réaffectation d’une partie des budgets de la police vers les services communautaires, de meilleures bases de données pour documenter l’utilisation de la force par les policiers, et l’abolition des frais de scolarité.

Me Lascaris, un avocat spécialisé dans les actions collectives, promet que sous sa direction, le parti opérerait un important virage vers la gauche, puisque les efforts des verts pour se rapprocher du centre n’ont pas inspiré les électeurs, selon lui. Il propose aussi un taux d’imposition de 100 % sur les fortunes de plus de 500 millions, afin de créer « une société sans milliardaires ».

La docteure Howard, une experte des effets du changement climatique sur la santé, souhaite que plus de scientifiques et d’experts médicaux soient impliqués dans les politiques gouvernementales de lutte contre le changement climatique.

L’avocat de Colombie-Britannique David Merner, l’astrophysicienne Amita Kuttner et l’avocat d’Ottawa Andrew West sont également dans la course.

Le militant écologiste montréalais Dylan Perceval-Maxwell avait été contraint de se retirer en juillet après ses commentaires lors d’un débat des candidats en juin. Il avait suggéré que les policiers « donnent 20 $ à chaque personne de couleur qu’ils arrêtent », une idée que sa rivale Meryam Haddad avait qualifiée de « super raciste ». Le parti l’a ensuite exclu de la course, affirmant que plusieurs de ses commentaires « ne reflétaient pas les valeurs du parti sur la diversité ».

Le gagnant remplacera Elizabeth May, en poste depuis 2006. Mme May était devenue en 2011 la première députée du Parti vert élue aux Communes ; l’automne dernier, elle a mené son parti à ses meilleurs résultats électoraux de son histoire, avec trois élus. Elle est toujours la leader parlementaire des verts et devrait le rester après le vote à la direction, car aucun des huit candidats ne siège au Parlement.