(Québec) Le Parti québécois s’explique mal comment le groupe d’intervention mis sur pied spécifiquement pour assurer la relance du transport aérien régional pourra accomplir son mandat, alors que le gouvernement ne lui donne pas accès aux mémoires soumis pour trouver des solutions au départ d’Air Canada.

« [Ce comité] est très mal nommé parce que le groupe ne peut pas intervenir s’il n’a pas les moyens de le faire », a déploré mardi le député péquiste Joël Arseneau. « Ce qu’on voit, c’est qu’on va certainement frapper un mur », prévient-il.

Le ministre des Transports, François Bonnardel, a annoncé en juillet dernier la création d’un « groupe d’intervention » qui a la mission « d’identifier des pistes de solution pour l’avenir des dessertes aériennes régionales ». Se voulant une démarche transpartisane, des députés de chaque formation politique font partie du comité, ainsi que plusieurs groupes du milieu.

Or, le Parti québécois soutient avoir rapidement déchanté lorsque les membres du comité, dont les élus, se sont vu refuser l’accès à la vingtaine de mémoires déposés – à la demande du ministre Bonnardel – par différents groupes de la province pour nourrir la réflexion sur l’avenir des services aériens en région.

L’Union des municipalités du Québec et l’Alliance de l’industrie touristique du Québec ont notamment déposé des mémoires et les ont rendus publics de leur propre chef. Mais ce n’est pas le cas de tous les groupes. « Nous n’avons pas l’information pour juger de la validité ou de l’intérêt de l’ensemble des mémoires », souligne le député, déplorant le « manque de transparence » du gouvernement.

Au cabinet de M. Bonnardel, on indique que l’on retrouve dans les documents soumis « des dossiers d’affaires d’entreprises et de transporteurs » et qu’il est donc « délicat de rendre publiques » ces informations, « puisqu’on y retrouve des éléments stratégiques et confidentiels liés à une entreprise ».

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

François Bonnardel, ministre des Transports

Le ministère des Transports doit plutôt analyser les mémoires et présenter certains scénarios aux membres du groupe d’intervention. La prochaine rencontre doit avoir lieu dans la semaine du 21 septembre. On assure « travailler sérieusement sur les options possibles » pour offrir un service viable aux régions.

« Le ministre nous a même dit qu’il ne pourrait pas plaire à tout le monde, qu’il y aurait certainement des gens qui seraient déçus, qu’il ferait un premier tri dans les propositions et qu’il nous imposerait un peu, là, sa vision sur la base de deux, ou trois, ou quatre scénarios », relate le député des Îles-de-la-Madeleine.

Une « occasion extraordinaire »

Il craint qu’en agissant ainsi, Québec retienne « la solution facile » et « évite un débat en profondeur ». Le député Arseneau rappelle que le départ d’Air Canada, qui a abandonné ses liaisons régionales en raison de pertes financières liées à la pandémie, est une « occasion extraordinaire » de revoir le modèle du service aérien régional.

« Il ne faut pas que ce soit, au final, un autre soubresaut dans le transport aérien régional et qu’on se magasine une autre crise dans cinq ou dix ans », dit-il. Le Parti québécois réclame depuis juillet la tenue d’une commission parlementaire pour « faire le tour de la question » et « définir un nouveau modèle » durable.

Il demande que la Commission des transports et de l’environnement soit saisie d’un mandat d’initiative. Des transporteurs privés comme Pascan, Air Liaison et Air Creebec ont depuis pris la relève d’Air Canada sur la Côte-Nord, dans l’Est et en Abitibi, ce qui permet de dire au député Arseneau qu’on a le temps de bien faire les choses.

Québec a aussi prolongé le Programme d’aide pour le maintien des services aériens régionaux essentiels en période de crise sanitaire jusqu’au 31 octobre.