(Ottawa) Le nouveau chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, promet qu’il fera « passer les intérêts des Canadiens en premier », laissant entendre qu’il ne tentera pas de provoquer la chute du gouvernement minoritaire de Justin Trudeau à la première occasion.

Cette première occasion pourrait venir rapidement, en septembre, quand le gouvernement Trudeau présentera un discours du Trône pour énoncer ses priorités dans un contexte de relance économique post-COVID-19. Le discours du Trône fait l’objet d’un vote de confiance à la Chambre des communes et une défaite pourrait entraîner la tenue d’un scrutin fédéral cet automne.

« Je fais toujours passer les intérêts du pays en premier », a affirmé M. O’Toole lors de sa toute première conférence de presse depuis qu’il a remporté la course d’une manière décisive contre l’ancien ministre de la Justice Peter MacKay, considéré comme le meneur au début de la campagne.

« Je suis ici pour me battre pour le bien-être des Canadiens à travers le pays, et pour obtenir de meilleures solutions et des réponses plus rapides du gouvernement. Je veux un gouvernement qui excelle et qui respecte les règles d’éthique. Nous allons évaluer les actions du gouvernement à l’avenir sur tous ces critères. […] Je vais toujours faire passer les intérêts des Canadiens en premier et je vais collaborer quand ce sera possible », a-t-il ajouté.

Il a ajouté que ses troupes seront toutefois prêtes à se lancer en campagne « si M. Trudeau essaie de jouer des jeux parce qu’il y a un nouveau chef et tente de forcer la tenue d’élections. »

Élu aux petites heures du matin, lundi, M. O’Toole a profité de sa première conférence de presse pour se présenter à l’ensemble des Canadiens afin de contrer « le spin des libéraux » qui a déjà commencé, selon lui.

« Bonjour, je m’appelle Erin O’Toole. Au cours des prochaines semaines, vous allez beaucoup entendre parler de moi. Vous allez aussi entendre beaucoup de spin libéral à mon sujet. En fait, c’est déjà commencé. Ne croyez pas cela. Voici ce que vous devez savoir à mon sujet. Je suis ici pour me battre pour vous et votre famille. Et le Canada a besoin d’un fighter », a-t-il dit d’entrée de jeu.

Et pour éviter toute confusion au sujet de sa position sur les enjeux sociaux comme l’avortement ou les mariages gais – une arme qui a été utilisée avec efficacité par les libéraux de Justin Trudeau durant la dernière campagne contre son prédécesseur Andrew Scheer –, M. O’Toole a déclaré : « J’ai gagné la course à la chefferie comme un député pro-choix, comme un député qui a un bilan totalement clair sur les enjeux sociaux. Ce sera mon approche comme chef de l’Opposition et comme premier ministre, je vais être totalement clair. Je vais défendre les droits de tous les Canadiens et de toutes les Canadiennes ».

Soutenant que tout ne tourne pas rond au pays, en particulier sur le plan économique et le front de l’unité nationale, M. O’Toole a affirmé que sa priorité absolue est de travailler à améliorer le sort des Canadiens qui ont perdu leurs emplois, qui craignent une seconde vague de la COVID-19 alors que leurs enfants doivent retourner à l’école, et qui craignent pour la santé de leurs proches.

« Je sais que vous êtes plus inquiets que jamais au sujet de l’avenir. Ma famille et moi éprouvons les mêmes sentiments. … […] Nous savons quels sont les défis, les espoirs et les craintes qui touchent la classe moyenne parce que nous les vivons aussi », a-t-il fait valoir.

Devant les journalistes, M. O’Toole a affirmé que son parti n’a pas toujours projeté l’image d’une formation politique accueillante et tolérante de la différence.

« Je vais changer cela », a-t-il affirmé sans ambages.

« Comme je l’ai dit aux petites heures du matin lundi, et je vais le répéter parce que c’est tellement important : que vous soyez noir, blanc ou brun, ou de toute autre race, que vous soyez un membre de la communauté LGBTQ ou hétéro, que vous soyez un Canadien autochtone ou que ayez joint la famille canadienne il y a trois semaines ou il y a trois générations, que vous soyez à l’aise ou que vous ayez de la difficulté à joindre les deux bouts, que vous pratiquez votre religion le vendredi, samedi ou dimanche ou pas du tout, vous êtes important pour le Canada. Et vous avez une place au sein du Parti conservateur du Canada ».