La souveraineté du Québec dès la première moitié de son mandat et la décentralisation du pouvoir politique pour revaloriser les régions sont les deux priorités du candidat à la direction du Parti québécois (PQ), Guy Nantel, qui a dévoilé sa plateforme électorale mardi soir.

« Je ne suis pas le candidat du PQ, je suis le candidat de la souveraineté. Je ne ferai aucune grande réforme politique sans un référendum », a-t-il dit aux journalistes présents. L’évènement était diffusé en direct pour les militants, en raison de la crise sanitaire.

« Nous sommes un peuple conquis par les armes qui doit se soumettre à un peuple voisin », explique l’humoriste. Sa promesse est simple : un pays en deux ans. Les citoyens pourraient alors se prononcer par référendum sur un projet de Constitution, pour déterminer les tenants et aboutissants d’un Québec indépendant.

Pour revaloriser les régions, il propose la création de 17 conseils régionaux qui dirigeront les affaires de leur propre région, comme les enjeux de développement économique. « On dirait que quand on parle du Québec, on parle seulement de Montréal et de Québec. […] Les régions existent et ont un apport considérable », a-t-il déclaré.

Langue et immigration

Ses propositions touchent également la langue française. La prépondérance de l’anglais dans les milieux de travail au Québec est inacceptable, juge-t-il. « La situation va continuer d’aller en se dégradant, il y aura moins de gens dont le français est la langue maternelle. »

Il prévoit aussi une vaste étude sur l’immigration au Québec en rétablissant les centres d’orientation et de formation pour les immigrants et compte appliquer la loi 101 jusqu’à la fin du cégep. Les immigrants devront, à leur arrivée dans la province, posséder une connaissance suffisante du français leur permettant « de tenir une conversation », dit M. Nantel.

Questionné par les journalistes sur son plan de souveraineté rapide, il s’est montré confiant.

« Le Parti québécois a eu peur de s’assumer et a été déserté. [Ne pas parler de souveraineté], c’est comme si le pape disait : je vais arrêter de parler de religion jusqu’à ce que ça devienne populaire », a-t-il répondu.

Guy Nantel affronte trois autres candidats dans la course à la direction du PQ qui déterminera qui succédera à Jean-François Lisée à la tête du parti le 9 octobre prochain. Il s’agit de l’avocat de formation Paul St-Pierre Plamondon, du député Sylvain Gaudreault et de l’enseignant en histoire Frédéric Bastien. Trois débats virtuels auront lieu le 26 août, ainsi que les 8 et 22 septembre.

D’autres propositions de Guy Nantel

– Établir le premier programme de gratuité scolaire en Amérique du Nord de l’école maternelle à l’université. Toutefois, au niveau postsecondaire, l’étudiant devrait payer pour la reprise d’un cours ou à la suite d’un abandon.

– Reconduire la disposition de dérogation sur la Loi sur la laïcité de l’État et interdire les exemptions scolaires pour des motifs religieux.

– Faire payer aux entreprises un impôt supplémentaire d’environ 2 % ou 3 % quand leur marque de commerce comporte des mots autres que le français, sauf dans le cas d’un nom de famille.

– Augmenter le budget de fonctionnement du ministère de l’Environnement au Québec.

– Augmenter les salaires des enseignants du primaire et du secondaire et investir dans des spécialistes, comme les orthopédagogues.

St-Pierre Plamondon dépose un plan des 100 premiers jours

Le candidat à la course à la direction du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, a déposé un plan d’action des 100 premiers jours d’un gouvernement péquiste. Il promet la création d’un ministère d’État à l’indépendance, qui dépenserait des fonds publics pour préparer une campagne référendaire, et le dépôt en début de mandat du budget de l’an 1 d’un Québec indépendant. M. St-Pierre Plamondon affirme que la pandémie de COVID-19 a démontré l’importance des gouvernements nationaux pour gérer de telles crises. Dès un début de mandat qu’il formerait à la tête d’un gouvernement, M. St-Pierre Plamondon souhaite tenir une commission Bélanger Campeau 2.0, s’inspirant de la commission sur l’avenir politique du Québec qui a avait été mise en place à l’initiative de l’ancien premier ministre libéral Robert Bourassa après l’échec du Lac Meech. En entrevue avec La Presse, M. St-Pierre Plamondon s’est engagé mardi à être candidat pour le Parti québécois lors de l’élection générale de 2022, qu’il gagne la course ou non. S’il devient chef péquiste, le candidat entend convaincre les Québécois de l’élire afin d’organiser un référendum dans un premier mandat.

— Hugo Pilon-Larose, La Presse