(Ottawa) Le Sénat a adopté lundi le projet de loi qui prolonge jusqu’en décembre la Subvention salariale d’urgence du gouvernement fédéral pour les employeurs durement touchés par la pandémie de COVID-19.

La Chambre des communes avait adopté la semaine dernière un train de mesures qui comprennent aussi un paiement unique pour les personnes handicapées confrontées à des dépenses plus élevées, ainsi que des prolongations des échéances légales pour certaines affaires judiciaires, que la pandémie a rendues difficiles ou impossibles à respecter.

Le projet de loi C-20 a été adopté par la chambre haute sans amendements.

L’extension du programme de subvention salariale est au cœur du plan du gouvernement libéral pour permettre à l’économie canadienne de redémarrer à l’automne. La subvention vise à aider les employeurs à assumer les coûts de main-d’œuvre pour faire tourner la machine même si les affaires ralentissent. Le projet de loi prévoit une hausse du soutien maximal disponible pour les employeurs les plus durement touchés, mais une réduction graduelle jusqu’à l’extinction de la subvention salariale en décembre.

La séance spéciale de lundi au Sénat — qui avait ajourné ses travaux jusqu’en septembre — a aussi été l’occasion pour les conservateurs et les autres sénateurs de critiquer le gouvernement libéral pour sa gestion de la crise qui dure depuis des mois.

Ils ont notamment souligné les possibilités de fraude dans le programme de Prestation canadienne d’urgence (PCU), et critiqué le programme d’aide pour le loyer commercial, en déplorant qu’il s’adressait aux propriétaires plutôt qu’aux PME. Des sénateurs ont aussi critiqué la complexité de l’extension de la Subvention salariale d’urgence.

Et ils ont bien sûr attaqué la décision du gouvernement de confier à l’organisme UNIS, proche des libéraux, la gestion du programme de bourses d’études pour bénévolat, « proverbiale cerise sur le gâteau de cette série de fiascos gouvernementaux », a estimé le sénateur conservateur Thanh Hai Ngo. « Qui a conçu ce programme ? (Les libéraux) croyaient-ils vraiment qu’il valait mieux payer les étudiants pour faire du bénévolat plutôt que de les faire simplement travailler ? »

Le sénateur conservateur montréalais Larry Smith a dénoncé quant à lui les complexités bureaucratiques de la prolongation du programme de subventions salariales. « Beaucoup de gens dans les petites entreprises n’ont ni les capacités techniques ni l’argent » pour pouvoir comprendre tout ça, a déclaré le sénateur montréalais. « J’ai mal à la tête juste d’essayer. »

D’autres sénateurs ont été plus généreux. Scott Tannas, un sénateur de l’Alberta qui avait été nommé par les conservateurs mais qui est maintenant le chef intérimaire du Groupe des sénateurs canadiens (mixte), a félicité le gouvernement pour son travail — avant de faire une pause et de lancer à la blague qu’il attendait que la foudre le frappe sur-le-champ.

L’extension de la subvention salariale offre un « pont » entre la panique pandémique et la reprise, a-t-il dit. « Nous avons beaucoup d’occasions de critiquer, mais je pense qu’il s’agit là d’un pas important. »