Québec crée un groupe d’intervention pour identifier des solutions à moyen et long termes aux problèmes du transport aérien en région. Pour le court terme, il prolonge son programme d’aide aux transporteurs régionaux.

Le ministre québécois des Transports, François Bonnardel, en a fait l’annonce jeudi lors d’une conférence de presse à Montréal.

Le programme d’aide aux transporteurs régionaux leur permet d’assurer un service minimal, pendant la pandémie de coronavirus, pour le transport de patients, de personnel médical et pour acheminer des denrées vers les régions éloignées. Il sera prolongé jusqu’au 31 octobre.

À moyen et long termes, le ministre veut régler le problème de façon définitive — un problème qui s’est accentué avec l’annonce d’Air Canada, le 30 juin, voulant qu’elle abandonnait 30 liaisons aériennes régionales, ce qui affecte les aéroports de Gaspé, Mont-Joli, Baie-Comeau et Val-d’Or.

Si certains évoquent une société d’État ou une coopérative pour desservir ces régions, le ministre n’a pas voulu privilégier une voie ou une autre, disant que tout était sur la table.

Mais une chose est sûre : il veut impliquer Air Canada dans la recherche de solutions, même si c’est son retrait des liaisons régionales qui a accentué la crise.

Il veut notamment s’assurer d’éviter de mettre sur pied un nouveau service régional, pour ensuite voir Air Canada débarquer dans trois ans et faire une guerre de prix pour se débarrasser de ce concurrent. Il n’a pas exclu une clause de non-concurrence, par exemple, lorsqu’il a été interrogé à ce sujet.

De même, il veut faciliter les réservations pour le client qui resterait à Baie-Comeau, par exemple, et qui voudrait faire un voyage Baie-Comeau–Montréal–Paris, afin « qu’il puisse assurer sa réservation avec des codes d’Air Canada », par exemple.

Le ministre a dépeint Air Canada comme « un partenaire, dans une certaine mesure — en mauvais français, on dirait un “feeder” » pour trouver un moyen d’alimenter les régions, malgré le contexte.

Dans son groupe d’intervention, Québec rassemble des représentants des municipalités, des chambres de commerce et employeurs, de l’industrie touristique, de plusieurs ministères, d’Hydro-Québec, en plus d’élus des partis politiques.

Le ministre Bonnardel donne jusqu’à la fin de 2020 au groupe d’intervention pour identifier des solutions.

Appel à Ottawa

Le ministre a par ailleurs interpellé son homologue fédéral Marc Garneau, puisqu’il estime qu’il n’appartient pas seulement à Québec de financer le transport aérien régional avec son programme de 40 millions qu’il prolonge.

« Je lui ai dit que je ne pourrai pas faire ça tout seul. J’ai besoin que le fédéral lève la main, nous supporte financièrement pour la suite des choses », a insisté M. Bonnardel.

Réactions

Les deux annonces du ministre ont été bien reçues par la cellule de crise qui regroupe l’Union des municipalités, le Conseil du patronat, la Fédération des chambres de commerce, l’Alliance de l’industrie touristique et le Réseau québécois des aéroports. « Ça répond à la vision qu’en avaient les membres de la cellule de crise depuis le jour 1 », ont-ils fait savoir.

Ces groupes saluent aussi « l’échéancier très serré » qu’a donné le ministre et le félicitent pour « son leadership » dans ce dossier.

Du côté de l’opposition péquiste, le député Joël Arseneau, des Îles-de-la-Madeleine, s’est réjoui de la formation du groupe d’intervention, auquel il participera d’ailleurs.

Toutefois, il a invité à la prudence quant aux attentes envers Air Canada. « L’élaboration et la mise en œuvre de solutions pérennes pour le transport aérien au Québec ne peuvent être conditionnelles à l’obtention de garanties d’Air Canada. Tant mieux si les garanties sont offertes, mais nous nous permettons d’en douter », a-t-il commenté.