(Québec) Bien résolu à laver sa réputation, ternie par des allégations d’attouchements sexuels, l’ex-président de l’Assemblée nationale Jacques Chagnon a entrepris une démarche judiciaire destinée à le blanchir totalement, tant au Québec qu’à l’étranger, selon ce qu’a appris La Presse canadienne.

M. Chagnon nie catégoriquement avoir quoi que ce soit à se reprocher et entend prendre tous les moyens à sa disposition pour obtenir justice.

À cette fin, il a retenu récemment les services d’un avocat belge, qui a expédié, en son nom, une mise en demeure à l’ex-députée wallonne à l’origine des allégations, Emily Hoyos, l’intimant de se rétracter.

Cette dernière a cependant refusé d’obtempérer, forçant l’ancien député libéral à examiner la possibilité d’intenter une poursuite contre elle, malgré le fait qu’elle vive à l’étranger.

En parallèle, M. Chagnon veut s’attaquer au géant Google et tenter de faire effacer de son moteur de recherche tous les articles de presse incriminants, qui laissent croire qu’il a eu une conduite déplacée envers l’ancienne députée belge, lors d’une visite au parlement du Québec, en 2011.

Pas question d’accepter de passer aux yeux de tous pour « un obsédé, un agresseur sexuel », affirme M. Chagnon en entrevue téléphonique, se disant « outré » et « blessé », remué par toute cette histoire, susceptible, selon lui, de lui nuire dans la conduite des divers mandats qu’il assume dans les parlements étrangers.

Les faits

En mai 2011, M. Chagnon avait accueilli une délégation de sept parlementaires belges, dont faisait partie la présidente d’alors du parlement wallon, Emily Hoyos.

Dans une entrevue diffusée neuf ans plus tard, en mai dernier, à la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF), Mme Hoyos a fait référence à cette visite au Québec, en affirmant que le « président » avait eu alors des comportements déplacés envers elle, sous forme d’attouchements, d’abord lors de la prise d’une photo de groupe dans le grand escalier du parlement, puis pendant le repas qui a suivi. Il lui aurait touché les fesses lors de la photo et les cuisses pendant le repas, selon le reportage.

Mme Hoyos n’a cependant jamais porté plainte. Interpellée à la suite de ce reportage par d’autres médias, elle a refusé d’en rajouter ou de se rétracter, disant vouloir « tourner la page ».

Par l’entremise de son avocat, elle aurait tout de même affirmé dernièrement avoir été mal citée, selon M. Chagnon, qui n’avait jamais entendu parler de ces allégations avant la diffusion du reportage de RTBF, en mai dernier.

« J’ai vraiment été choqué » en prenant connaissance du reportage, raconte-t-il, convaincu que les prétentions de l’ex-députée ne tiennent tout simplement pas la route. D’ailleurs, « je n’ai jamais été seul avec elle » durant toute la visite, assure-t-il, ajoutant que ce n’est pas son « genre » d’agir de la sorte avec les femmes.

De plus, en tout temps, plusieurs personnes étaient présentes lors des activités mentionnées et aucun témoin n’a corroboré les allégations de Mme Hoyos, précise l’ancien président, notant au passage que c’est sous sa gouverne, en 2015, que l’Assemblée nationale s’est dotée d’une politique contre le harcèlement, psychologique ou sexuel.

Les suites

Sauf que, même non fondées, ces allégations risquent d’entraîner des répercussions fâcheuses, selon lui. Depuis qu’il a quitté ses fonctions de président de l’Assemblée nationale, en 2018, M. Chagnon a accepté divers mandats auprès de parlements étrangers, dont celui de la Nouvelle-Calédonie, qui font appel à lui afin de revoir leurs règles de gouvernance.

Or, il anticipe que ses interlocuteurs étrangers pourraient porter un regard différent sur lui, s’ils tapent son nom sur Google et découvrent des articles peu flatteurs.

D’où son intention affirmée d’effacer toute trace numérique de cette fâcheuse histoire.

« Ma réputation, c’est tout ce que j’ai », soutient M. Chagnon, âgé de 67 ans, soulignant qu’au fil de sa longue carrière de parlementaire, entamée en 1985, il s’est acquis « une excellente réputation » d’ambassadeur du Québec à l’étranger, ayant participé à de nombreux forums parlementaires à travers le monde, à titre de député, vice-président, puis président de l’institution, de 2011 à 2018.

Mais il sait que son projet, dont il assume lui-même les frais, est semé d’embûches et pourrait nécessiter du temps.

Notamment le fait que le litige implique une personne d’une autre nationalité complique les choses. En s’appuyant sur l’arrêt Oppenheim de la Cour suprême, en 1998, il est cependant d’avis que la procédure envisagée pourrait viser une personne vivant à l’étranger.