(Québec) Le portrait de la situation économique présenté vendredi par le ministre des Finances, Eric Girard, est une « grande boîte vide », estime Québec solidaire (QS).

« Non seulement on n’y apprend rien de nouveau sur l’état de nos finances publiques, mais il n’y a aucun plan […] pour offrir une aide directe aux très petites entreprises », a réagi le député de QS Vincent Marissal.

En conférence de presse vendredi, M. Girard a brossé un portrait sombre de la situation économique et financière du Québec, prévoyant un déficit historique pour 2020-2021 de 15 milliards.

Il n’a pas profité de cette mise à jour pour annoncer de nouvelles mesures, contrairement aux attentes qu’avaient pu se faire certains groupes.

« Il n’y a aucune nouvelle mesure […] pour les prestataires d’aide de dernier recours, les travailleurs autonomes et le milieu culturel, qui sont complètement laissés pour compte », a noté M. Marissal.

Une « occasion manquée », a acquiescé le Parti libéral, qui dit constater « encore une fois l’absence de mesures d’aide spécifiques » pour les petites et moyennes entreprises (PME) œuvrant dans le secteur de la construction et de la restauration.

Même déception du côté du Parti québécois (PQ), qui juge que les mesures annoncées jusqu’à présent, des prêts surtout, sont « timides et trop conventionnelles ».

« Selon nous, la solution passe davantage par une aide directe, car chaque dollar investi pour sauver les PME engendrera des rentrées fiscales », a déclaré le porte-parole du PQ en matière d’économie, Martin Ouellet.

D’autres mesures réclamées

Les partis d’opposition n’étaient pas les seuls, vendredi, à réclamer de l’aide supplémentaire pour les entreprises.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) estime que le gouvernement doit mettre les PME au cœur de son projet de relance.

Les PME contribuent à hauteur de 30 % du PIB de la province et assurent 70 % de l’emploi total, a rappelé le vice-président Québec de la FCEI, François Vincent.

Selon lui, Québec devra prendre en considération les réalités de toutes les PME qui ont subi des pertes durant la crise. « La FCEI offre sa pleine collaboration afin de trouver des mesures importantes qui dynamiseront l’économie de toutes les régions », a-t-il écrit.

De même, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a réclamé vendredi une aide d’urgence, plus précisément dans le domaine du tourisme.

Elle a cité les chiffres de Destination Canada, qui estime que les pertes financières liées à la crise de la COVID-19 dans ce secteur pourraient s’élever jusqu’à 11 milliards et entraîner jusqu’à 120 000 pertes d’emplois.

« Force est de conclure que les mesures d’aide gouvernementales actuelles ne sont pas suffisantes », a affirmé Charles Milliard, président-directeur général de la FCCQ.

« Une aide directe pour les frais fixes, via la création d’un fonds d’urgence sectoriel, sera nécessaire, a-t-il ajouté. Les programmes de prêts et de garanties de prêts actuels ne seront tout simplement pas suffisants. »

Le ministre Girard a rappelé vendredi avoir dû injecter au cours des derniers mois 1 milliard de mesures pour les travailleurs et 2 milliards destinés aux entreprises.

Il a vanté l’approche « multidimensionnelle » du gouvernement, qui a également réduit la taxe scolaire, a-t-il dit. « Si on avait fait tout ce qu’ils nous demandaient, ça aurait coûté un demi-milliard de plus. »

Équilibrer le budget d’ici 5 ans sans hausser les taxes et impôts

Plusieurs intervenants ont par ailleurs salué l’objectif du gouvernement Legault de revenir à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans sans hausser les taxes et les impôts, ni couper dans les services.

C’est le cas de la FCEI, de la FCCQ, de la Fédération canadienne des contribuables (FCC) et du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

« Il n’y a plus de gras à couper, a déclaré la présidente du SPGQ, Line Lamarre. M. Girard devra résister à la tentation de revenir sur sa promesse. […] S’il le faisait, il mettrait grandement en péril la qualité des services. »

Seule voix discordante, QS estime qu’il est « profondément indécent » à ce moment-ci de parler d’équilibrer le budget. « C’est un exercice comptable d’une froideur sans nom », a affirmé M. Marissal.

« Après la crise monumentale qu’on vient de vivre dans nos CHSLD et dans nos hôpitaux, est-ce qu’on peut s’entendre que le retour à l’équilibre budgétaire, c’est loin d’être la priorité ? »