(Ottawa) Le Parti conservateur et le Bloc québécois reviennent à la charge en exigeant la présentation d’une mise à jour économique par le gouvernement Trudeau d’ici la fin du mois de juin.

Le chef intérimaire du Parti conservateur, Andrew Scheer, et le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, ont chacun tracé une ligne dans le sable lundi en avertissant les libéraux de Justin Trudeau qu’ils ne pourront pas compter sur leur appui pour adopter rapidement des changements à la Prestation canadienne d’urgence et au programme de subvention salariale s’ils persistent à refuser de rendre des comptes sur les milliards de dollars qui ont été dépensés jusqu’ici pour limiter les effets de la pandémie de COVID-19.

En principe, ces changements doivent être soumis à la Chambre des communes mercredi.

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet est allé plus loin en réclamant que Justin Trudeau convoque avant septembre une conférence des premiers ministres pour discuter des améliorations qui doivent être apportées aux transferts aux provinces en matière de santé.

Il a aussi exigé que le gouvernement Trudeau modifie le programme de subvention salariale pour interdire aux partis politiques d’y avoir recours, comme le font les libéraux, le NPD, le Parti vert et le Parti conservateur. Toutefois, dans le cas des conservateurs, les deux principaux candidats dans la course à la direction, l’ancien ministre de la Justice Peter MacKay et le député ontarien Erin O’Toole, se sont engagés à rembourser les montants que touchera le parti s’ils remportent la victoire.

En point de presse, le chef intérimaire du Parti conservateur Andrew Scheer a accusé le premier ministre de profiter de la crise de la COVID-19 pour s’arroger de nouveaux pouvoirs même s’il dirige un gouvernement minoritaire.

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Andrew Scheer

« Le premier ministre Justin Trudeau dépense des milliards de dollars de votre argent, mais il refuse de faire une mise à jour économique. […] Justin Trudeau n’a aucun plan pour relancer notre économie ou se préparer à une deuxième vague. Dépenser des milliards de dollars des contribuables n’est pas un plan. Nous devons réduire les taxes, réduire la paperasserie, stimuler l’économie et attirer investissements des entreprises pour exploiter le pouvoir du secteur privé », a affirmé M. Scheer.

Pour sa part, le chef bloquiste Yves-François Blanchet a soutenu que le gouvernement Trudeau revient à ses habitudes centralisatrices en offrant une aide financière de 14 milliards de dollars  aux provinces – une somme qu’il juge insuffisante – en imposant des conditions contraignantes.

« Personne n’a obtenu le mandat durant les élections de s’ingérer dans les compétences de tout le monde. Et la crise n’apporte pas un tel mandat. Ils disent qu’on va négocier des ententes. C’est moins long d’écrire un chèque que de négocier une entente », a laissé tomber M. Blanchet.

« Ça prend une mise à jour avant le 1er juillet. Est-ce qu’on peut savoir dans quel environnement économique on navigue ? », a-t-il ajouté.  

Le premier ministre Justin Trudeau et le ministre des Finances Bill Morneau ont jusqu’ici écarté l’idée de présenter une mise à jour économique au motif que la situation de l’économie mondiale demeure trop incertaine pour se livrer à un tel exercice. Rappelons que le ministre Morneau devait présenter un budget fédéral le 30 mars, mais il a été contraint de reporter le tout à une date indéterminée à cause de la crise provoquée par la COVID-19.

Selon les calculs du directeur parlementaire du budget Yves Giroux, le déficit fédéral pour l’exercice financier en cours qui prend fin le 31 mars 2021 devrait atteindre les 260 milliards de dollars.