(Ottawa) Le premier ministre canadien Justin Trudeau a annulé son voyage de deux jours à la Barbade en raison de la crise ferroviaire liée à un projet de gazoduc en Colombie-Britannique.

Dans un micromessage publié sur Twitter, M. Trudeau a annoncé qu’il avait convoqué les ministres Marc Miller (Services aux Autochtones), Carolyn Bennett (Relations Couronne-Autochtones), Marc Garneau (Transports), Bill Blair (Sécurité publique), Chrystia Freeland (vice-première ministre et Affaires intergouvernementales), Bill Morneau (Finances) ainsi que le leader du gouvernement en chambre, Pablo Rodriguez, à une réunion du Groupe d’intervention en cas d’incident pour parler des perturbations des infrastructures ferroviaires et des solutions. La réunion se déroulera lundi matin.

M. Trudeau devait se rendre à la Barbade pour assister au sommet de la Communauté caribéenne (ou Caricom), un regroupement de 15 pays membres et cinq pays-associés. Il voulait profiter de l’occasion pour aller chercher des appuis en vue de l’élection au Conseil de la sécurité de l’ONU.

C’est le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne qui le représentera finalement au cours de cette rencontre internationale.

Sa décision survient dans la foulée des perturbations qui paralysent une bonne partie du système ferroviaire au pays. Des barrages ont été érigés à divers endroits afin de protester contre le projet de gazoduc de Coastal GasLink qui traverserait le territoire ancestral des Wet’suwet’en, dans le nord de la Colombie-Britannique.

L’occupation des voies sur le territoire mohawk de Tyendinaga, en Ontario, a incité le Canadien National à interrompre son service.

La semaine dernière, le chef conservateur Andrew Scheer avait vertement critiqué le voyage entrepris par M. Trudeau en Afrique et en Europe, lui reprochant de vouloir fuir ses responsabilités.

Vendredi, M. Trudeau défendait encore le séjour qu’il devait faire cette semaine à la Barbade. Il avait alors dit que la vice-première ministre Chrystia Freeland et d’autres ministres étaient « pleinement engagés » à résoudre la crise. « Notre vice-première ministre est en contact avec tous ses homologues provinciaux et territoriaux ainsi qu’avec les premiers ministres, avait-il déclaré. Nous y travaillons avec une approche toute gouvernementale. »

M. Trudeau avait toutefois ouvert la porte à l’annulation de son séjour à la Barbade lorsque les journalistes lui ont demandé s’il était sage pour lui de quitter le Canada au moment où les barrages ferroviaires viennent perturber l’économie du pays.

« Nous sommes engagés à fond en tant que gouvernement. J’ai appelé moi-même des premiers ministres comme M. Horgan [de la Colombie-Britannique] et des membres de mon équipe. Mon horaire n’a pas été modifié, mais on verra. »

L’annulation du voyage nuira-t-elle aux chances du Canada d’être élu au Conseil de sécurité ?

Le Canada a pu établir des liens étroits avec cette région du globe grâce à un passé colonial commun et aux millions de dollars d’aide envoyés par le Canada depuis l’accession de ces pays à l’indépendance dans les années 1960, 1970 et 1980.

Mais l’aide a fondu comme neige au soleil au cours de la dernière décennie. Et les pourparlers autour d’une entente de libre-échange, lancés en 2007, ne vont nulle part.

Selon le professeur Stephen Baranyi de l’Université d’Ottawa, un expert des Caraïbes, le Canada est toujours bien perçu dans la région, mais n’entretient pas pour autant une relation privilégiée avec ces pays.

Le Canada, la Norvège et l’Irlande se disputent les deux sièges qui seront disponibles pour deux ans à l’organe exécutif des Nations unies en 2021 ; le vote des membres à l’Assemblée générale aura lieu en juin. M. Trudeau soutient que ce poste donnerait au Canada plus d’influence sur la scène mondiale dans des dossiers comme la paix, la sécurité et les droits de la personne.

Le Canada a siégé pour la dernière fois au Conseil de sécurité il y a 20 ans, en 2000. Dix ans plus tard, le gouvernement conservateur de Stephen Harper avait perdu sa campagne pour décrocher un nouveau siège : il avait retiré sa candidature avant le deuxième tour, pour éviter l’embarras d’une défaite prévisible.