(Québec) Trois mois après sa décision de se lancer dans la course au leadership du Parti libéral du Québec (PLQ), Alexandre Cusson demeure une énigme, tant sur le plan politique que personnel.

Il est toujours difficile de savoir pourquoi il veut devenir chef du PLQ et à quoi ressemblerait sa gouverne s’il devenait premier ministre du Québec en 2022.

En entrevue durant une heure avec La Presse canadienne au cours des derniers jours, M. Cusson est demeuré plutôt évasif sur les différents sujets abordés. Il invite à la patience, promettant de présenter plus tard une plateforme qui étalera ses idées et précisera ses engagements.

Bourreau de travail

Alexandre Cusson est un excessif. Dans le passé, les longues heures de travail ont été ponctuées d’excès de table de toutes sortes, arrosés de litres de Coke Diet, à toute heure du jour. Sur ses photos d’avant 2017, il est méconnaissable. Visage bouffi et tour de taille à l’avenant, certains l’appellent « le petit gros ».

Puis, des signaux d’alarme apparaissent : le diabète s’installe, tandis qu’un de ses amis meurt à 59 ans.

En 2017, il a 49 ans. Un beau jour il décide de changer de vie du tout au tout : alimentation saine, heures de repas fixes, rarement un verre d’alcool, et surtout il se met à l’activité physique. Il peut marcher jusqu’à 100 kilomètres par semaine.

Déterminé, il s’impose une discipline de fer : en quelques mois, il perd 85 livres.

Trois ans plus tard, il se dit fier d’avoir réussi à réaliser cet exploit, grâce à son nouveau mode de vie spartiate. Il se pèse chaque jour, à la même heure, et a réussi à maintenir son poids santé. Le diabète a disparu.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Alexandre Cusson salue des partisans au lancement de sa campagne.

Un célibataire

La discrétion affichée sur les idées qu’il veut défendre trouve aussi écho dans sa protection de sa vie privée, un sujet tabou.

M. Cusson, qui se contente de se définir comme un « célibataire », estime que sa vie personnelle n’est pas d’intérêt public, même pour un candidat qui cherche à se faire connaître en vue de devenir chef d’un parti.

« Malheureusement, je n’ai pas de choses à dire là-dessus. Je ne pense pas que ce soit un sujet d’intérêt public », tranche le candidat, visiblement pressé de passer à un autre sujet.

« De toute façon, je n’ai rien à dire. Quand même je voudrais vous dire de quoi. Je n’ai rien à dire », ajoute-t-il, laconique.

Si on insiste un peu, l’homme de 51 ans dira que le travail a pris toute la place dans sa vie, ceci expliquant cela.

« Si dans ma vie il y a quelque chose que j’ai fait, explique-t-il, c’est de ne pas toujours accorder un grand équilibre entre le travail et la vie personnelle. Cela fait que je suis célibataire aujourd’hui. »

Un modèle : Jean Lesage

Sur sa vision des choses, M. Cusson dira qu’il veut « amener le parti au 21e siècle », en faisant entrer le PLQ « dans la modernité », comme l’a fait en 1960 le premier ministre Jean Lesage, son modèle, dont le nom incarne à lui seul la Révolution tranquille. Mais comment ? De quelle façon ? À quelle forme de « modernité » fait-il allusion ? Il n’élabore pas.

En 2018, le PLQ a été pratiquement éliminé de toutes les régions du Québec, désormais présent uniquement dans l’agglomération de Montréal et dans l’Outaouais.

Ancien maire de Drummondville et ex-président de l’Union des municipalités du Québec, M. Cusson, qui revient d’une tournée en Gaspésie, en Outaouais et en Abitibi, se pose en champion des régions, avec l’objectif de ramener les électeurs des quatre coins du Québec au PLQ.

S’il devient premier ministre, il voudrait imposer une certaine forme de décentralisation, pour que le gouvernement assure une présence accrue sur place, dans chacune des régions afin de traiter plus efficacement les dossiers régionaux.

Chaque région disposerait d’une sorte de « guichet unique » gouvernemental donnant accès aux services de l’État.

Le rôle de « ministre régional » serait revu, revalorisé, dit-il.

On savait déjà qu’il voulait resserrer les normes éthiques des partis politiques et lancer un débat sur la nationalisation de l’eau potable.

Ce n’est pas pour autant un partisan des nationalisations, ni de l’État-providence : « Il ne faut pas penser à une société où finalement l’État va s’occuper de tout, ce n’est pas ma façon de voir. »

Le prochain grand défi du Québec sera à ses yeux celui de la transition énergétique et de la lutte aux changements climatiques, mais encore là il faudra patienter avant de savoir où il loge, comment cela se traduira.

Sur la question identitaire, il demeure tout aussi évasif, se disant nationaliste, fier Québécois, mais aussi fier Canadien.

« Mon premier attachement sera toujours au Québec », finira-t-il par affirmer.

Le prochain chef du PLQ sera élu le 31 mai. Il n’y a qu’une seule autre aspirante au titre, la députée Dominique Anglade.