(Ottawa) Tout comme en 2017, la Nouvelle-Écosse est la première étape pour les aspirants à la direction du Parti conservateur canadien.

À l’époque, les 14 candidats étaient venus au congrès annuel du Parti progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse pour se présenter aux délégués.

Trois ans plus tard, l’événement attire encore les candidats, même si leur groupe est beaucoup plus petit puisqu’ils ne sont que cinq pour le moment.

Marilyn Gladu, Rudy Husny, Peter MacKay, Erin O’Toole et Rick Peterson ont chacun valoir leurs arguments auprès des quelques centaines de membres du groupe qui devraient y assister, en fonction des conditions météorologiques hivernales.

M. MacKay, lui-même originaire de la province, sera sans doute fort heureux de revenir en territoire plus amical après un début de campagne difficile pour lui.

Les commentateurs québécois se sont moqués de son français laborieux, ses organisateurs ont dû atténuer ses propos semblant se moquer de la position du parti en faveur du déménagement de l’ambassade du Canada en Israël à Jérusalem. M. MacKay a eu maille à partir avec un journaliste qui l’interrogeait sur ses attaques contre le premier ministre Justin Trudeau sur les réseaux sociaux.

L’ancien ministre n’a pu s’empêcher de se moquer du présent voyage de M. Trudeau en Afrique, disant que l’objectif du gouvernement d’obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU est un « projet vaniteux ».

Trouver un équilibre entre attirer l’attention sans refroidir l’intérêt des électeurs est un des principaux défis que doit relever tout candidat à une course à la direction d’un parti, souligne Dennis Matthews, vice-président de la firme de communication Enterprise, qui a déjà dirigé des campagnes publicitaires conservatrices.

« Tous les candidats doivent penser à l’électeur, à l’image et à la marque qu’ils construisent. Que pense la mère de banlieue de tout cela, par exemple ? Cet électeur ne votera peut-être pas aujourd’hui, mais éventuellement, il le fera, dit-il. Comment présenter quelque chose qui peut attirer ce type d’électeur à la fin tout en reconnaissant que le partisan conservateur, qui souhaite entendre des attaques féroces, peut être différent de cet électeur ? Comme obtenir cet équilibre ? »

Ce thème a été exploré par Erin O’Toole – lui qui a étudié en Nouvelle-Écosse et a séjourné dans la province pendant sa carrière militaire. Il a rappelé que les Canadiens souhaitent un gouvernement apte à garder le pays uni. « Les Canadiens ne nous croiront pas si on n’est même pas capable de le faire au sein de notre propre parti », a-t-il mis en garde.

Mme Gladu a soutenu que le parti ne peut espérer revenir au pouvoir s’il n’adopte pas une politique crédible sur les changements climatiques et s’il ne trouve pas un meilleur équilibre entre la responsabilité fiscale, la compassion sociale et la défense des droits de tous et de chacun. « Nous pourrons y parvenir si nous ouvrons grandes nos portes », a-t-elle fait valoir.

À l’heure actuelle, Erin O’Toole et Peter MacKay sont les seuls à avoir rempli les premières conditions pour entrer officiellement dans la course : un dépôt de 25 000 $ et 1000 signatures provenant d’au moins 30 circonscriptions réparties dans au moins sept provinces et territoires.

En 2017, l’arrivée de l’homme d’affaires Kevin O’Leary dans la course avait tourné les regards vers le congrès des conservateurs néo-écossais. La plupart de ses concurrents l’avaient ouvertement attaqué.

Aujourd’hui, les candidats doivent réfléchir à cette stratégie, mentionne M. Matthews.

« Dans les primaires démocrates, les candidats n’ont guère envie de s’attaquer les uns et les autres, car leur cible ultime est Donald Trump. Au Canada, la cible ultime est [Justin] Trudeau. Si les conservateurs commencent à s’en prendre les uns aux autres, l’intérêt pour la course pourrait tomber très vite. »

Mme Gladu et M. Peterson ont demandé aux militants de les aider à obtenir leur quota de signatures, mais le second a laissé entendre que Peter MacKay serait son second choix dans la course.

L’événement de samedi est ouvert à tous les candidats potentiels, à condition qu’ils paient des frais de 1000 $ au Parti progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse.

Trois autres aspirants à la course ont choisi de ne pas participer à cette activité : Richard Décarie, dont les commentaires contre le mariage entre personnes du même sexe ont déclenché une controverse, Aron Seal, qui dit vouloir se concentrer sur le recrutement de nouveaux membres, et Derek Sloan, qui n’a pu s’inscrire à temps.