(Addis-Abeba) Le premier ministre Justin Trudeau a décidé d’ajouter à son équipe cette semaine en Afrique une vedette du monde du sport, au moment où il cherche à obtenir un siège pour le Canada au sein du puissant Conseil de sécurité des Nations unies.

M. Trudeau est arrivé vendredi soir à Addis-Abeba, en Éthiopie. Il sera le premier dirigeant canadien à prendre part à une session de l’Union africaine.

C’est l’occasion pour M. Trudeau de rencontrer directement plusieurs des 54 dirigeants africains, dont les votes en juin aux Nations unies seront clés pour l’obtention d’un siège par le Canada.

Il voyage avec trois de ses ministres, mais l’élément célébrité revient au président des Raptors de Toronto, Masai Ujiri, que M. Trudeau a invité à se joindre à la délégation. M. Ujiri a passé son enfance au Nigeria et a joué au basketball professionnel en Europe avant de devenir recruteur et administrateur dans la NBA.

M. Ujiri, dont la fondation Giants of Africa utilise le basketball comme moyen d’éduquer et d’enrichir la vie des jeunes Africains, prévoyait de parcourir le continent pour promouvoir son propre travail, mais il s’est joint au voyage canadien après que M. Trudeau lui eut demandé de venir.

« J’ai des relations avec des dirigeants ici et si nous pouvons aider d’une quelconque façon, si je peux aider d’une quelconque façon, c’est une grande partie de l’objectif de rendre le monde meilleur », a déclaré M. Ujiri.

Il a dit qu’il avait déjà eu plusieurs conversations avec M. Trudeau et avec Ahmed Hussen, le ministre fédéral de la Famille, des Enfants et du Développement social, sur la façon dont il pouvait utiliser son travail d’ambassadeur du sport pour aider. M. Hussen est également du voyage.

M. Ujiri faisait partie des personnes présentes avec M. Trudeau pour sa première rencontre avec le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed vendredi.

PHOTO SEAN KILPATRICK, THE CANADIAN PRESS

Justin Trudeau présente le président des Raptors de Toronto, Masai Ujiri (à gauche), au premier ministre éthiopien Abiy Ahmed (au entre).

Abiy Ahmed et plusieurs des principaux ministres et diplomates du gouvernement éthiopien ont rencontré M. Trudeau à l’aéroport, où une cérémonie d’accueil officielle comprenait une garde d’honneur, un spectacle de danse et un tapis rouge.

Il s’agit de la troisième visite de M. Trudeau en Afrique en tant que premier ministre, mais sa première en Éthiopie. Il a déclaré à Abiy Ahmed lors d’une brève conversation à l’aéroport qu’il avait eu l’intention de participer à la rencontre de l’Union africaine l’année dernière, mais qu’il n’avait pas pu le faire. Le premier ministre éthiopien lui a assuré qu’il s’agissait cette fois d’un meilleur moment.

L’Union africaine a son siège à Addis-Abeba, qui est devenue l’une des plus grandes villes diplomatiques du monde. L’Éthiopie est également une économie à croissance rapide, avec un PIB par habitant en hausse de 189 % de 2000 à 2018. M. Trudeau a salué le travail du premier ministre éthiopien pour mener à bien les réformes.

Faire taire les armes

Le thème du sommet de cette année est « Faire taire les armes », alors que l’Afrique s’efforce de réduire la violence et les conflits et de promouvoir la croissance économique et la prospérité. Abiy Ahmed lui-même vient de remporter le Nobel de la paix en partie pour son travail dans la conclusion d’un accord de paix avec l’Érythrée voisine, qui a finalement solidifié une entente soutenue par les Nations unies il y a 20 ans qui n’avait jamais été mise en œuvre.

Alice Musabende, qui termine son doctorat en relations internationales axées sur l’Afrique, a déclaré que la paix et la sécurité sont la plus grande priorité pour l’Union africaine. Le Canada a été largement absent de ces discussions, a-t-elle dit, tandis que l’Union européenne et les Américains sont plus impliqués.

« Il y a beaucoup de financement, il y a beaucoup de missions, a-t-elle déclaré. La majeure partie du financement provient de l’UE, une grande partie de l’aide provient des Nations unies, mais aussi des États-Unis. Le problème est que le Canada ne se trouve nulle part dans ces discussions. »

Des universitaires africains et des experts des affaires étrangères au Canada estiment que ce voyage officiel doit aller bien au-delà du siège au Conseil de sécurité de l’ONU, sans quoi il sera un échec.

M. Hussen a dit croire que le Canada s’était bien engagé envers l’Afrique au cours des quatre dernières années. M. Hussen, qui a immigré au Canada en tant que réfugié de Somalie, a déclaré qu’il avait visité le continent neuf fois dans son ancien rôle de ministre de l’Immigration. Il a souligné un certain nombre de programmes pour aider l’immigration africaine, en particulier les étudiants du Sénégal et du Maroc, qui souhaitent étudier au Canada.

Les étudiants africains se voient généralement refuser des visas pour étudier au Canada plus souvent que ceux de la plupart des autres pays. M. Hussen a affirmé que le gouvernement ajoutait des bureaux de demande de visa et introduisait de nouveaux services pour aider les étudiants, et qu’il avait réduit les délais de traitement des demandes dans de nombreux bureaux.

« Nous avons attiré un nombre record d’étudiants africains », a-t-il soutenu.

M. Trudeau aura un entretien officiel avec Abiy Ahmed, samedi.

L’Afrique dispose de 54 des 193 voix au total qui décideront des sièges non permanents du Conseil de sécurité en juin. Le Canada est en lice contre la Norvège et l’Irlande pour deux places à la table, pour des mandats de deux ans.

La première ministre norvégienne Erna Solberg devrait également participer à la réunion de l’Union africaine en fin de semaine. Le chef de gouvernement irlandais Leo Varadkar a visité le continent en janvier, faisant notamment un arrêt pour rencontrer Abiy Ahmed en Éthiopie.

M. Trudeau passe trois jours en Éthiopie et se rendra au Sénégal et à Munich, en Allemagne, avant de revenir au Canada la semaine prochaine.