(Ottawa) L’ambassadeur du Canada en Chine affirme qu’il y a un refroidissement certain entre les deux pays depuis que la République populaire a emprisonné deux Canadiens, tout en ajoutant que sa priorité principale est d’obtenir leur libération et de rétablir les relations.

Dominic Barton a tenu ces propos mercredi soir devant le comité spécial de la Chambre des communes chargé d’étudier les relations entre les deux pays, qui étaient déjà tendues lors de sa nomination l’automne dernier.

M. Barton affirme que sa priorité absolue est d’obtenir la libération de Michael Kovrig et Michael Spavor, qui ont été arrêtés par la Chine en décembre 2018. Ces détentions sont largement perçues comme des représailles à l’arrestation par le Canada de la dirigeante financière de la société chinoise Huawei, Meng Wanzhou.

La GRC a arrêté Meng Wanzhou à Vancouver en vertu d’une demande d’extradition par les États-Unis, et neuf jours plus tard, MM. Kovrig et Spavor ont été arrêtés et accusés d’avoir violé la sécurité nationale de la Chine.

Ni Kovrig ni Spavor n’a vu un avocat ou obtenu l’autorisation de visite de membres de la famille, tandis que Meng Wanzhou a été libérée sous caution et réside dans une maison cossue de Vancouver durant les procédures sur son audience d’extradition.

M. Barton dit que ses principales priorités incluent la clémence pour le Canadien Robert Schellenberg, qui a été condamné à mort en janvier 2019 après avoir déjà obtenu une peine de prison pour trafic de drogue.

« En décembre 2018, les relations du Canada avec la Chine ont fondamentalement changé après l’arrestation de Meng Wanzhou », déclare M. Barton.

« Le froid est réel. Je suis déterminé à travailler dur pour résoudre les défis importants qui existent actuellement dans les relations bilatérales. »

M. Barton affirme que la colère était palpable des deux côtés lors de sa première rencontre diplomatique avec des responsables chinois.

« La première conversation que j’ai eue fut probablement l’une des plus déplaisantes que j’ai jamais connue », fait-il valoir.

M. Barton dit qu’il a finalement pu rencontrer les trois Canadiens emprisonnés et qu’il est impressionné par leur résilience.

« J’espère que nos efforts porteront bientôt leurs fruits », soutient l’ambassadeur, sans donner plus de détails.

Le comité spécial est le résultat d’une motion conservatrice adoptée en décembre, grâce au soutien d’autres partis d’opposition au sein du Parlement minoritaire. La motion appelle à ce que le premier ministre, les ministres et les diplomates comparaissent comme témoins aux moments jugés opportuns par le comité.

M. Barton est le premier témoin important à comparaître. Le député néo-démocrate Jack Harris a déclaré avant l’audience que le témoignage de M. Barton serait important, surtout à la lumière de l’éclatement du nouveau coronavirus à Wuhan, une ville du centre de la Chine.

Quelque 200 Canadiens devaient maintenant quitter la Chine à bord d’un avion affrété par le gouvernement, mais Ottawa s’est fait critiquer pour avoir réagi trop lentement.

M. Barton a été nommé l’automne dernier après une longue carrière dans les affaires, qui a notamment consisté à travailler en Chine et à travers l’Asie.

La Chine fait également face à des défis importants malgré sa forte croissance économique et sa nouvelle posture affirmée sur la scène internationale, explique M. Barton.

Il s’agit notamment de la pauvreté, d’un environnement pollué et des défis démographiques qui accompagnent le fait d’être l’une des sociétés les plus vieillissantes du monde, dit-il.

M. Barton affirme qu’il n’a pas hésité à faire valoir les préoccupations du Canada concernant la situation des droits de la personne en Chine.

Des organisations de défense des droits de la personne ont déclaré que près d’un million de musulmans ouïghours dans la région occidentale du Xinjiang en Chine avaient été placés dans des camps. La Chine dit qu’elle essaie de rééduquer et d’intégrer les Ouïghours pour en faire de meilleurs contributeurs à la société chinoise.

« Des journalistes, des diplomates et des représentants de la société civile chinoise à qui j’ai parlé sont d’accord pour dire que 2019 a été témoin d’une répression accrue de la dissidence et des manifestations de désaccord sur le bilan des droits de la personne en Chine, à l’intérieur et à l’extérieur du pays », souligne M. Barton.

« Je sais que de nombreux Canadiens sont particulièrement préoccupés par les informations crédibles faisant état de détentions massives, de surveillance répressive et de séparations familiales touchant des Ouïghours et d’autres minorités musulmanes au Xinjiang, sous prétexte de lutter contre l’extrémisme, le terrorisme et le séparatisme. »