(Ottawa) La sénatrice Lynn Beyak devrait être suspendue à nouveau sans salaire, a recommandé vendredi le comité d’éthique du Sénat.

Les collègues de Mme Beyak l’ont évincée de la chambre haute temporairement au printemps dernier après avoir condamné comme racistes plusieurs lettres qu’elle avait publiées sur son site internet.

La sénatrice de l’Ontario avait publié des lettres appuyant son point de vue selon lequel certains Autochtones avaient vécu des expériences positives dans les pensionnats indiens. La Commission de vérité et réconciliation a conclu que ces établissements ont fait subir des sévices et l’aliénation à des générations d’enfants métis, inuits et des Premières Nations.

Certaines lettres vont plus loin, laissant entendre une infériorité des peuples autochtones ou de leurs cultures.

La suspension de Mme Beyak a pris fin automatiquement lorsque le Parlement a été dissous pour les élections fédérales de l’automne dernier.

Vendredi, les tentatives pour joindre Mme Beyak par l’intermédiaire de son avocat et de son bureau du Sénat ont échoué. En novembre, Mme Beyak a soutenu qu’elle avait respecté toutes les conditions pour retourner au travail.

Elle a retiré les lettres que le comité d’éthique jugeait les plus répréhensibles de son site web, a suivi un perfectionnement sur le rôle d’une sénatrice et des programmes d’éducation sur l’histoire autochtone et a présenté des excuses, a-t-elle fait valoir.

Mais le comité a conclu dans un rapport rendu public vendredi que Mme Beyak ne respectait pas les conditions fixées pour son retour, jugeant insuffisantes les excuses qu’elle a présentées et incomplète sa participation aux programmes éducatifs sur le racisme envers les peuples autochtones du Canada.

Le comité n’est pas convaincu qu’elle a pris au sérieux son éducation sur l’histoire autochtone.

« Le fournisseur de formation a indiqué que la sénatrice Beyak n’a manifesté aucune volonté d’apprendre et, pour cette raison, le fournisseur n’a pas donné les instructions convenues dans leur intégralité. »

Parmi les cinq membres du comité figure le sénateur Murray Sinclair, qui a dirigé la Commission de vérité et réconciliation sur les pensionnats avant d’être nommé au Sénat. Le comité comprend trois sénateurs nommés par des premiers ministres libéraux et deux nommés par le conservateur Stephen Harper.

Mme Beyak a également été nommée par M. Harper, bien que le chef conservateur Andrew Scheer l’ait expulsée du caucus conservateur au cœur de la controverse entourant les lettres.

La conclusion selon laquelle Mme Beyak devrait être à nouveau suspendue n’est qu’une recommandation ; le Sénat devrait voter pour que cela se réalise. Le comité dit qu’il gardera un œil sur Mme Beyak et publiera de nouveau un rapport à la fin juin.