(Québec) Des députés libéraux n’ont guère apprécié la sortie de l’aspirant à la chefferie du Parti libéral du Québec, Alexandre Cusson, et de la députée, Marwah Rizqy, qui ont reproché dimanche à Dominique Anglade, seule autre candidate en lice dans la course à la direction, de « vivre dans le déni » à propos de l’enjeu de l’éthique.  

« La qualité première d’un chef, c’est sa capacité à rassembler et le type de campagne qui a été abordé [dimanche] par l’équipe Rizqy-Cusson, ce n’est certainement pas une façon de rassembler les membres du Parti libéral », a critiqué la députée Marie Montpetit, à l’entrée du caucus présessionnel de sa formation, lundi.

« On invite [Mme Rizqy] à faire preuve de retenue », a ajouté l’élue de Maurice-Richard, qui était accompagnée de son collègue, Carlos Leitao. Les deux font partie des six coprésidents de la campagne de Dominique Anglade. Les libéraux se réunissent lundi et mardi à Québec avant la rentrée parlementaire, le 4 février prochain.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Marie Montpetit (à gauche) et Carlos Leitao (au centre) font partie des six coprésidents de la campagne de Dominique Anglade (à droite).

Les députés ont qualifié les propos de Mme Rizqy « d’attaques personnelles » contre Mme Anglade. « De dire [que Mme Anglade] est dans le déni, ce n’est pas acceptable. Il va y avoir le 31 mai, mais aussi le 1er juin et on devra tous travailler ensemble », a souligné M. Leitao devant les journalistes.

Alexandre Cusson a décidé de placer l’éthique au cœur de sa campagne, et il a voulu en faire la démonstration lors de son lancement, dimanche à Québec. Seule partisane de M. Cusson à être montée sur scène, Marwah Rizqy s’est dite « fière d’être avec un homme qui n’a pas peur de parler d’éthique ».

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Alexandre Cusson a lancé sa campagne à la chefferie du Parti libéral du Québec, dimanche.

Elle a ensuite multiplié les déclarations du genre ciblant la députée Dominique Anglade. Sans la nommer directement, elle a affirmé qu’« il y en a qui préfèrent se mettre la tête dans le sable ». Lors d’une mêlée de presse, elle a également fait valoir que son favori, lui, « comprend qu’on ne peut pas vivre dans le déni ».

Dominique Anglade s’est défendue de placer l’éthique en second plan. « Il faut élever le débat, il ne faut pas faire des commentaires erronés à l’emporte-pièce. Le ton de la campagne va être important. On en a pour quatre mois alors j’invite M. Cusson à réfléchir au ton qu’il souhaite y donner », a-t-elle affirmé à son arrivée au caucus.

Le chef intérimaire du Parti libéral, Pierre Arcand, a, pour sa part, soutenu que « c’est inévitable » qu’il y ait des débats et des « chocs d’idées » lors d’une course à la direction. À son avis, la situation n’est pas, à ce stade, « hors contrôle », mais il prévient qu’il n’hésiterait pas à intervenir si ça le devenait.

Un problème de perception ?

Dimanche, Marwah Rizqy a par ailleurs soutenu qu’« un autre clan » a plaidé que « quand on se promène au Québec, personne nous parle d’éthique », ce qui est faux selon elle. La députée faisait ainsi une allusion à Dominique Anglade, qui tenait ces propos lors d’une conférence de presse jeudi dernier.

Le chef Pierre Arcand a admis qu’il y a « peut-être, des enjeux de perceptions » au sein de la population qui collent à la peau du Parti libéral du Québec.

« Tout ce que je peux vous dire, c’est que notre formation politique a été vérifiée et revérifiée par le directeur général des élections et donc, encore une fois, je peux vous s’assurer que nous avons un parti qui est au-dessus de tout soupçon », a-t-il affirmé.

Les députés Marie Montpetit, Carlos Leitao et Dominique Anglade n’ont pas nié que « cette perception existe ».  

La semaine dernière encore, l’enquête Mâchurer sur le financement politique du Parti libéral du Québec sous la gouverne de Jean Charest a fait les manchettes après que l’ancien premier ministre eut fortement critiqué le travail de l’Unité permanente anticorruption dans une entrevue accordée à Radio-Canada.

Les libéraux éliront leur nouveau chef le 31 mai prochain.