(Québec) Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) réclament que le gouvernement Legault mette en place un régime d’assurance pension inspiré du programme établi il y a longtemps en Ontario, et ils l’exhortent à faire pression sur Power Corporation du Canada dans le dossier des retraités de Groupe Capitales Médias (GCM).

L’initiative du député Vincent Marissal, de QS, et du péquiste Sylvain Gaudreault est inspirée par le sort réservé à quelque 900 retraités de GCM qui verront leurs rentes fondre de près du tiers.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Le député de QS, Vincent Marissal

M. Marissal rappelle qu’avant eux, ce sont les employés du détaillant Sears, de la papetière White Birch et du fabricant d’électroménagers Mabe Canada qui ont connu un sort semblable. Ces personnes ont vu partir en fumée le fruit de toute une vie de travail, ou une partie, rappelle-t-il.

Le député de Rosemont a observé que le programme mis sur pied en Ontario affichait des surplus de plus de 736 millions au 31 mars 2018. À son avis, les retraités ontariens sont protégés en cas de faillite de leur entreprise.

Vincent Marissal réclame aussi que Power Corporation du Canada protège les retraites des anciens employés de GCM, comme il l’a fait pour les employés de La Presse. Cette demande a également été reprise par M. Gaudreault.

M. Marissal, qui est lui-même un ancien employé de La Presse, accuse Power Corporation du Canada de s’être livrée ni plus ni moins qu’à une manigance comptable et immorale en ayant laissé des gens qui ont travaillé toute leur vie vivre leur retraite, et pour certains, vivre leurs dernières années dans la misère.

Il s’insurge d’avoir appris que l’ancien dirigeant de GCM, Martin Cauchon, ait été payé 500 000 $ par année pour, dit-il, mettre à mort les journaux régionaux. Voilà pourquoi, à son avis, le gouvernement québécois a la responsabilité de faire pression sur Power Corporation du Canada pour que la compagnie basée à Montréal remplisse ses obligations morales.

« Il s’agit de cas humains, de cas graves, de gens qui ont travaillé toute leur vie et qui ont été complètement largués par Power Corp, qui s’est lavé les mains, a insisté jeudi M. Marissal en point de presse à l’Assemblée nationale. (Les ministres) ont le pouvoir de prendre le téléphone puis de profiter des prochains cocktails à Montréal et ailleurs pour faire des pressions sur Power Corp puis leur dire : “Franchement, là, pas fort. Ce n’est pas fort, votre affaire. »

« Si ce gouvernement-là met la pression, y compris publiquement, en disant : “On ne laisse pas tomber notre monde de même”, je pense que ça aurait un impact », a-t-il ajouté.

En 2015, Power Corporation du Canada a cédé ses six journaux à M. Cauchon qui a créé GCM. Plus tard, un organisme à but non lucratif a pris le contrôle de La Presse des mains du conglomérat qui a aussi allongé 50 millions pour assurer sa viabilité. La transaction prévoyait aussi que Power Corporation du Canada se porte garante des obligations passées du régime de retraite des employés de La Presse.

Plus tard jeudi, Sylvain Gaudreault est allé un peu plus loin : il a demandé une enquête de Retraite Québec sur ce qui est advenu de la question des retraités lors de la transaction de 2015 entre Power Corporation et Martin Cauchon.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le député péquiste Sylvain Gaudreault

Il a par ailleurs qualifié de « décevante » pour les retraités la décision du juge Jacques J. Lévesque, de la Cour d’appel du Québec, qui a refusé jeudi d’entendre leur appel.

En vertu de la décision rendue le 23 décembre par la Cour supérieure, les retraités de GCM doivent faire une croix sur 25 à 30 % de leurs rentes à compter de février en plus de renoncer, par des quittances, à d’éventuels recours à l’égard des différents syndicats et les comités de retraite.

Les six journaux de GCM sont Le Soleil, Le Droit, La Tribune, La Voix de l’Est, Le Nouvelliste et Le Quotidien.

Entreprise citée dans cette dépêche : Power Corporation du Canada (TSX : POW)