Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, ouvre son jeu pour la rentrée parlementaire : il a fait connaître mardi ses priorités pour le budget fédéral et les six premiers projets de loi qu’il déposera, dont un qui créerait une déclaration d’impôt unique administrée par Québec.

À l’occasion de son caucus présessionnel à Montréal, le chef a rappelé ses « exigences » qui devront figurer dans le premier budget du nouveau gouvernement libéral : la bonification de la pension de la sécurité de la vieillesse pour les aînés, la hausse des transferts en santé et la garantie de versements des compensations aux producteurs sous gestion de l’offre. Ces sujets avaient déjà été dévoilés lors de la campagne électorale.

À cela, il a ajouté des enjeux sociaux d’actualité. Leur absence du budget le rendrait « inacceptable », dit le chef.

Il insiste donc sur l’approvisionnement en eau potable « au robinet » pour les communautés autochtones, l’accès à 50 semaines de prestations d’assurance-emploi en cas de maladie grave et le déblocage des dossiers de logement social.

Il parle d’« exigences », mais se dit du même souffle ouvert à négocier. Le chef n’a donc pas voulu dire s’il voterait contre un budget qui n’aborderait pas ses sujets de prédilection.

Et puis, il se dit confiant que ces sujets feront partie de la proposition budgétaire libérale : après tout, le gouvernement minoritaire a besoin d’« amis » pour la faire adopter.

Le chef Blanchet dit avoir senti une ouverture pour augmenter le pouvoir d’achat des aînés, mais pas pour les transferts en santé, a-t-il révélé.

Les premiers projets de loi

La formation bloquiste a aussi déjà décidé quels seront ses six premiers projets de loi qui seront déposés aux Communes.

Le premier vise la création d’une déclaration d’impôt unique administrée par Québec, « une demande unanime de l’Assemblée nationale », a rappelé le chef.

« Je me souviens bien d’un enthousiasme presque troublant des conservateurs pour ce sujet et l’engagement du chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), si tant est que les emplois soient protégés. Nous y veillerons », a-t-il assuré.

Et puis, « de l’avoir mis en tête de liste, il y a un message là-dedans ».

Le second projet de loi cherchera à obliger Ottawa à se conformer aux objectifs de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, un autre qui fera de la connaissance suffisante du français une condition pour l’obtention de la citoyenneté à partir du Québec, le quatrième visera à exclure la gestion de l’offre de futures négociations commerciales – « ça a assez duré », dit-il –, le cinquième à assurer la préséance des juridictions du Québec en environnement, et, finalement, un projet de loi qui cherchera à soustraire le Québec à la Loi sur le multiculturalisme canadien.

Le Bloc se dit convaincu d’avoir un plus grand impact que lors des dernières années. « Revenir à 32 (députés), ce n’est pas comme revenir à 10 », a lancé M. Blanchet en conférence de presse mardi. La formation indépendantiste forme le deuxième parti d’opposition, après les conservateurs.

Mais ces derniers seront occupés avec la course à la direction de leur parti, engendrée par la démission du chef Andrew Scheer.

Cela va-t-il aider les bloquistes à prendre encore plus de place à Ottawa ? « Cela ne nuit pas. Ça va nous aider à nous mettre en valeur », a reconnu le chef du Bloc.