(Edmonton) Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu’il était « déchirant » d’écouter les récits des proches des 57 Canadiens qui ont péri dans l’écrasement d’un avion de ligne ukrainien en Iran la semaine dernière.

Alors qu’il participait à une cérémonie commémorative pour 13 victimes qui vivaient à Edmonton, dimanche, M. Trudeau a affirmé qu’il avait appris qui étaient ces personnes, ce qu’elles aimaient faire et quels étaient leurs espoirs pour l’avenir.

Il a raconté que plusieurs de ces victimes étaient venues au Canada à la recherche de nouvelles possibilités pour leur famille, mais que ces familles étaient maintenant accablées par le chagrin et l’indignation.

Bien que la tragédie ait durement frappé la communauté irano-canadienne, M. Trudeau a affirmé que c’était une tragédie canadienne.

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Les photos des victimes et des fleurs sont disposées à l’Université d’Alberta pour la cérémonie commémorative.

« Lorsque le vol 752 a été abattu, les familles ont perdu ceux qu’ils aimaient et notre pays a perdu leur contribution. C’est une tragédie nationale et le pays entier est en deuil » a déclaré le premier ministre.

L’avion a été abattu accidentellement par un missile iranien peu après son décollage de l’aéroport de Téhéran mercredi ; les 176 personnes à bord ont été tuées, dont 138 qui se dirigeaient vers le Canada.

« Nous ne nous reposerons pas tant qu’il n’y aura pas de réponses. Nous ne nous reposerons pas tant qu’il n’y aura pas de justice et de responsabilité », a promis Justin Trudeau aux familles indignées par ce drame.

M. Trudeau a mentionné que certaines des victimes étaient des esprits brillants qui fréquentaient l’Université de l’Alberta.

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Un autre rassemblement pour honorer les victimes a eu lieu plus tôt dimanche à l’Université de Toronto.

Il a notamment fait état d’un homme qui a perdu sa femme et son fils de 10 ans, un garçon qui voulait un jour devenir premier ministre.

Il a également parlé d’un dentiste prospère en Iran qui avait déménagé avec sa famille au Canada, mais qui retournait souvent travailler en Iran afin de pouvoir payer les cours pour devenir dentiste ici. Il avait reçu les qualifications nécessaires il y a quelques semaines.

« Il venait enfin ici pour de bon, afin de bâtir le meilleur avenir possible pour ses enfants », a renchéri Justin Trudeau. « Sauf qu’il était sur ce vol, et maintenant sa famille n’a aucune idée de ce que leur réserve l’avenir. »

Un autre rassemblement pour honorer les victimes a eu lieu plus tôt dimanche à l’Université de Toronto, qui a perdu six étudiants dans la tragédie. La vice-première ministre Chrystia Freeland a déclaré que ces pertes de vie se faisaient sentir bien au-delà de l’université.

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La vice-première ministre Chrystia Freeland

« C’est une perte pour Toronto, c’est une perte pour l’Ontario et c’est une perte pour le Canada », a dit Mme Freeland, qui était visiblement émue. « Rien ne remplacera jamais ces vies brillantes qui ont été interrompues. Nous en porterons toujours […] les cicatrices. »

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a également pris la parole. Il a affirmé que son gouvernement se tenait aux côtés du gouvernement fédéral pour réclamer que les responsables de la tragédie soient traduits en justice.

Des représentants canadiens en Iran

Huit autres représentants canadiens se rendront en Iran lundi pour participer à l’enquête sur l’écrasement et apporter leur aide aux familles des Canadiens qui ont péri dans la tragédie.

Trois membres de l’Équipe permanente de déploiement rapide d’Affaires mondiales Canada sont arrivés samedi en Iran, où ils s’affairent à mettre en place une base d’opérations pour le gouvernement canadien.

Le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, a déclaré dimanche que l’Iran avait approuvé des visas pour six autres membres de l’équipe, qui se trouvent actuellement à Ankara, en Turquie.

Des visas ont également été délivrés pour deux experts du Bureau de la sécurité des transports, a indiqué M. Champagne sur Twitter. Les huit Canadiens devraient arriver en Iran lundi, a ajouté M. Champagne.

Un autre membre de l’équipe de déploiement rapide devrait arriver à Ankara lundi et le ministre a dit s’attendre à ce que l’Iran lui accorde « rapidement » un visa.

Un porte-parole d’Affaires mondiales Canada a expliqué que ces représentants fourniraient une assistance consulaire aux familles des Canadiens, notamment pour identifier les victimes, rapatrier les corps et participer à l’enquête.

Les efforts du gouvernement canadien pour déployer une équipe en Iran ont été compliqués par le fait qu’Ottawa a rompu tous ses liens avec Téhéran en 2012, fermant son ambassade et rappelant tous ses diplomates.

La plupart des passagers de l’avion étaient des Iraniens ou des Canadiens d’origine iranienne. En plus des 57 citoyens canadiens dans l’avion, La Presse canadienne a pu confirmer qu’au moins 74 victimes avaient des liens étroits avec le Canada. Plusieurs étaient des étudiants et des professeurs partis passer les vacances de fin d’année chez leurs proches en Iran.

Le président iranien Hassan Rouhani a reconnu samedi qu’un missile iranien avait abattu le vol d’Ukraine International Airlines quelques minutes après son décollage de l’aéroport de Téhéran. L’armée iranienne a déclaré que l’avion avait été confondu avec un missile.

Lors d’une conférence de presse à Ottawa samedi, M. Trudeau s’est dit « furieux et déçu » qu’autant de Canadiens soient morts à cause des actions de l’Iran. Il a estimé que le régime iranien devait « assumer la pleine responsabilité » de cette « tragédie qui n’aurait pas dû se produire ».

Il a également appelé à un effort concerté pour désamorcer les tensions dans la région qui, selon lui, ont contribué à la tragédie.