(Ottawa) Le gouvernement canadien appelle à la « retenue » et espère une « désescalade » à la suite de la frappe aérienne américaine qui a tué un important général iranien à Bagdad, en Irak.

Le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, a lancé cet appel dans un communiqué publié au lendemain de l’exécution du commandant Qasem Soleimani à Bagdad.

« Nous appelons toutes les parties à faire preuve de retenue et à poursuivre la désescalade. Notre objectif est et demeure un Irak uni et stable », a-t-il déclaré vendredi.

Sans nécessairement avaliser la frappe contre le général Soleimani, le diplomate en chef du Canada a tout de même noté que les actions du groupe étaient source d’inquiétude pour la stabilité de la région.

« Le Canada est depuis longtemps préoccupé par la Brigade al-Qods des Gardiens de la révolution islamique, dirigée par Qasem Soleimani, dont les actions agressives ont eu un effet déstabilisateur dans la région et au-delà », a-t-il affirmé.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne.

Le ministre Champagne a également fait référence aux troupes canadiennes stationnées en Irak dans le cadre d’une mission de l’OTAN.

« Le Canada est en contact avec nos partenaires internationaux. La sécurité et le bien-être des Canadiens et Canadiennes en Irak et la région, y compris nos troupes et de nos diplomates, sont d’une importance primordiale », a-t-il souligné.

Troupes canadiennes en danger

En entrevue avec La Presse, Thomas Juneau, professeur agrégé en affaires publiques et internationales à l’Université d’Ottawa, dit voir un « danger » pour les soldats canadiens qui se trouvent en sol irakien.

« Traditionnellement, les milices pro-iraniennes en Irak faisaient la différence entre les forces américaines et les autres forces occidentales comme le Canada, l’Australie ou la Grande-Bretagne », explique-t-il.

« Généralement, on pouvait croire que les chances que le Canada ou des alliés se fassent frapper étaient limitées. Là, la situation est tellement tendue, on est tellement dans l’inconnu qu’on se demande si cette hypothèse est encore vraie », indique-t-il.

La politologue spécialiste du Moyen-Orient ne voit cependant pas de scénario où l’Iran se lancerait dans une escalade contre les États-Unis et ses alliés – car le régime sait qu’il se ferait « planter » face à un adversaire qui lui est « infiniment supérieur » militairement.

« L’Iran va répliquer, va dire qu’il y aura réplique, mais le régime iranien, ce ne sont pas des leaders dirigeants irrationnels et apocalyptiques qui sont dans une mission suicide nationale », avance Thomas Juneau.

Téhéran en furie

La plus haute instance sécuritaire de l’Iran a promis vendredi de venger « au bon endroit et au bon moment » la mort du général iranien Qassem Soleimani.

« L’Amérique doit savoir que son attaque criminelle contre le général Soleimani a été la plus grave erreur du pays […] L’Amérique n’évitera pas les conséquences de ce mauvais calcul », a déclaré dans un communiqué le Conseil suprême de la sécurité nationale iranien.

Chef de la Force Qods des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique iranienne, chargée des opérations extérieures de la République islamique d’Iran et homme-clé de l’influence iranienne au Moyen-Orient, le général Qassem Soleimani a été tué vendredi dans un raid américain à Bagdad.

La même frappe – décidée sur ordre du président américain Donald Trump, selon le Pentagone – a également tué son premier lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, des paramilitaires irakiens majoritairement pro-iraniens. En tout, 10 personnes sont mortes, selon Téhéran.

Le président américain Donald Trump, pour sa part, a estimé vendredi que le général iranien Qassem Soleimani, tué dans un raid américain à Bagdad, aurait dû être tué « il y a des années ».

- Avec l’AFP