(Ottawa) Un « débat exploratoire », à la Chambre des communes, sur la situation du français à Montréal s’est transformé en un exercice partisan où tous les partis fédéraux tentaient de prouver qu’ils affectionnent tous la langue de Molière plus que les autres.

Alors que le chef conservateur Erin O’Toole réitérait sa promesse d’assujettir les entreprises de compétence fédérale à la Charte de la langue française, communément appelée « loi 101 », néodémocrates et bloquistes se disputaient la genèse de cette idée.

« L’application de la Charte de la langue française aux entreprises sous juridiction fédérale étant une idée du NPD, mais c’est le numéro B487 des niaiseries qu’il nous a sortis ! » a balancé le chef bloquiste Yves-François Blanchet à l’endroit du néo-démocrate Alexandre Boulerice.

« Je ne répondrai pas aux facéties et aux quolibets du chef du Bloc québécois, mais je lui rappellerais simplement que l’extension de la loi 101 aux entreprises de juridiction fédérale est dans le programme du NPD depuis 2008 », a rétorqué M. Boulerice.

Les libéraux fédéraux, eux, ont réussi à se faufiler pendant des heures de débats sans offrir de nouveaux détails sur leur plan pour renforcer la présence du français dans la métropole ou au Canada.

« Je souhaite que nous puissions élever le débat au-dessus de la partisanerie […] Alors que nous traversons la crise de la COVID-19, une période hautement anxiogène, avouons-le, ce n’est pas le temps d’exacerber les tensions », a plaidé la ministre des Langues officielles, Mélanie Joly, lorsqu’est venu le temps de prendre la parole.

Les conservateurs ont obtenu la tenue de ce « débat exploratoire » dans la foulée de la controverse des propos de la députée libérale Emmanuella Lambropoulos. Cette dernière avait mis en doute le déclin du français à Montréal, lors d’une rencontre du comité des langues officielles. Elle a depuis offert des excuses et quitté ledit comité.

Mme Lambropoulos n’a pas pris la parole dans le cadre du débat de mercredi soir. C’est plutôt celle qui la remplace au comité des langues officielles, sa collègue libérale Soraya Martinez Ferrada, qui a témoigné de l’importance de la loi 101 pour l’intégration des immigrants à la culture québécoise.

« J’ai toujours dit que j’étais une fille de la loi 101. Je pense que la loi 101 a fait qu’aujourd’hui, comme immigrante, je parle français », a déclaré l’élue d’origine chilienne.

Avant elle, libéraux, conservateurs et néo-démocrates y étaient tous allés de déclarations plus senties les unes que les autres pour prouver qu’ils étaient attachés à la langue française et à la culture francophone et québécoise.

« J’ai appris mon français dans les Forces armées canadiennes à l’âge de 18 ans. Je suis fier d’être bilingue », a relaté Erin O’Toole, du Parti conservateur.

« Ce n’est pas ma langue maternelle, mais pour moi, c’est la plus belle langue au monde. […] C’est une langue de géants, la langue des Félix Leclerc, des Réjean Ducharme, des Michel Tremblay, et des Gaston Miron, la langue de personnes hors du commun », a renchéri Pablo Rodriguez, leader parlementaire du gouvernement.

Les bloquistes ont déploré que ces belles paroles ne s’accompagnent pas de gestes concrets.

« Ce soir, on a entendu beaucoup de beaux discours, beaucoup de déclarations d’amour, beaucoup de citations de noms d’artistes ou d’œuvres. […] Les gens du Parti libéral, ça va bientôt faire quatre heures qu’ils nous font les louanges de la loi 101. Pourquoi ne pas simplement la laisser s’appliquer ? Je ne comprends pas le blocage », a demandé le député bloquiste Yves Perron.