(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau s’est joint aux dirigeants des 20 pays les plus riches au monde, dimanche, dans une promesse de collaborer pour maintenir le flux des échanges commerciaux, combattre le réchauffement planétaire et pour approvisionner les pays pauvres en vaccins contre la COVID-19.

Ces engagements figurent dans la déclaration finale des dirigeants du G20, à l’issue de deux jours de discussions virtuelles largement tenues à huis clos et portant principalement sur la coordination d’une réponse internationale à la pandémie.

Mais la plupart des promesses formulées dimanche n’ont rien de nouveau, et des experts déplorent une occasion ratée de faire face aux plus grands défis auxquels le monde est maintenant confronté.

Ces engagements ne sont pas assortis de nouveaux investissements et la déclaration ne fait aucune mention des droits de la personne, alors que le sommet était sous la présidence de l’Arabie saoudite.

Selon le cabinet du premier ministre, M. Trudeau a tout de même soulevé la question auprès de ses homologues, tout comme celles des changements climatiques, du libre-échange, de l’accès équitable aux vaccins et d’autres mesures d’aide contre la COVID-19.

« C’est seulement ensemble que nous pourrons surmonter les plus grands défis d’aujourd’hui et de demain et créer un monde plus résilient qui profite à tous », a-t-il déclaré dans son communiqué.

« Le Sommet virtuel des dirigeants du G20 a été l’occasion d’intensifier les efforts mondiaux visant à lutter contre la COVID-19, à rétablir la croissance économique et à combattre les changements climatiques. »

Si le sommet devait marquer le début d’une nouvelle ère de coopération internationale, plus d’une décennie après que le groupe se soit réuni pour la première fois en réponse à la crise financière de 2008, l’issue de la rencontre a été tout autre, selon des experts.

« Souvent dans ces évènements et communiqués, on peut identifier cinq ou six éléments où il y a eu un certain progrès notable », expose le diplomate canadien à la retraite Thomas Bernes, du Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale.

« Malheureusement, cette fois-ci, c’est une occasion manquée pour le monde. »

M. Trudeau était en quête d’engagements forts pour soutenir les pays pauvres sur le plan médical, notamment ce qui a trait à l’approvisionnement de vaccins contre la COVID-19. Il comptait aussi insister sur l’importance de lutter contre le protectionnisme et les changements climatiques.

Le premier ministre participait dimanche matin à une discussion sur la sauvegarde de la planète et l’approche connue sous le nom de l’économie carbone circulaire. Il n’a toutefois pas prononcé de discours.

Plusieurs dirigeants se sont exprimés pendant cet évènement, dont le président chinois Xi Jinping, le premier ministre indien Narendra Modi et le président américain Donald Trump.

M. Trump, qui est beaucoup critiqué pour son bilan en environnement, a martelé que son administration avait travaillé sans relâche pour améliorer la qualité de l’air et de l’eau.

« Pour protéger les travailleurs américains, j’ai retiré les États-Unis de l’injuste et unilatéral accord de Paris sur le climat, a-t-il soutenu. L’accord de Paris n’a pas été conçu pour sauver l’environnement, il a été conçu pour tuer l’économie américaine. »

Les dirigeants les plus puissants du monde ont dû se contenter de se réunir virtuellement cette année en raison de la pandémie de COVID-19.

Les discussions de samedi ont d’ailleurs porté principalement sur la gestion de la pandémie, et sur les façons de se sortir de la crise.

Alors que le Canada a alloué 440 millions à un programme international devant assurer l’accès équitable à un éventuel vaccin contre la COVID-19, des observateurs espéraient que les autres pays membres mettraient un autre 4,5 milliards US sur la table.

Leurs espoirs ne se sont pas concrétisés, déplore John Kirton, codirecteur du groupe de recherche sur le G20 de l’Université de Toronto.

MM. Kirton et Bernes attribuent le peu d’ambition et l’absence d’avancées au fait que le sommet a eu lieu virtuellement, ce qui a nui à l’ambiance énergique et à la spontanéité qui le caractérisent habituellement, avec plusieurs discussions qui se déroulent en coulisses.

Le fait que le sommet ait été présidé par l’Arabie saoudite, qui n’est pas habituée à organiser de telles rencontres, et que les États-Unis étaient représentés par le président défait Donald Trump, a également contribué à en faire un « non-évènement », selon M. Bernes.

Bien que M. Kirton voit la participation de Donald Trump, l’entrée en poste imminente de Joe Biden et l’arrivée de l’Italie à la présidence du G20 comme des raisons d’être optimiste quant à la pertinence de l’organisation, M. Bernes estime que l’échec de ce weekend porte un coup dur à la coopération internationale.