(Québec) Le premier ministre François Legault dirige un gouvernement de « mon’oncles », un « boys club » accordant aux hommes des privilèges qu’il refuse aux femmes de son équipe, selon l’opposition libérale.

En entrevue téléphonique à La Presse Canadienne, mercredi, la porte-parole libérale en matière de condition féminine, la députée de Verdun, Isabelle Melançon, s’est livrée à une charge contre le gouvernement, en ce qui a trait au statut différent qui serait accordé selon elle aux hommes et aux femmes de l’équipe caquiste.

Elle dit avoir été piquée au vif par la réaction du premier ministre lors de la publication du rapport de la commissaire à l’éthique blâmant le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon,

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Pierre Fitzgibbon

Selon elle, il s’agit d’un cas de sexisme. M. Fitzgibbon a eu droit à un traitement de faveur en étant maintenu dans ses fonctions malgré ce blâme, ce qui ne serait jamais arrivé s’il avait été une femme, a fait valoir la députée.

Et s’il a obtenu ce traitement de faveur, c’est parce qu’il fait partie du petit cercle de pouvoir autour du premier ministre, qu’il est un homme et un ami personnel, estime-t-elle, convaincue que M. Legault applique une règle de « deux poids, deux mesures », quand il s’agit d’évaluer la performance de ses ministres, selon qu’il s’agit d’une femme ou d’un homme.

« Deux poids, deux mesures. C’est un gouvernement de boys club. C’est un gouvernement de mon’oncles. C’est ça la CAQ », tranche Mme Melançon.

« Si Pierre Fitzgibbon avait été une femme, il y aurait eu un remaniement dans les dernières heures », est persuadée la députée.

Elle note les cas de MarieChantal Chassé, tassée du conseil des ministres, « parce qu’elle avait des problèmes de communication, pour faire place à un gars ». Même s’il n’est pas ministre, elle fait le parallèle avec le directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda, qui lui aussi a des problèmes de communication, selon le cabinet du premier ministre, au point d’avoir embauché cette semaine un « coach » pour encadrer ses sorties publiques. Mme Chassé, rétrogradée simple députée, après quelques mois de service, n’a pas eu droit à une telle faveur, dit Mme Melançon, ajoutant qu’elle avait été remplacée par un homme, Benoit Charette, à l’Environnement.

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Benoit Charette

Elle ajoute que les ministres toujours en poste Nathalie Roy et Danielle McCann ont perdu des plumes. La première ayant dû céder le dossier de la protection de la langue française, la seconde ayant cédé sa place à la Santé à Christian Dubé, pour se retrouver à l’Enseignement supérieur.

Quand elle regarde la situation de la deuxième vague de la pandémie et la hausse du nombre de cas de COVID-19, elle conclut que M. Dubé « n’a pas fait mieux que Mme McCann ».

Le cas de Sylvie D’Amours a aussi retenu son attention. L’ex-ministre des Affaires autochtones s’est retrouvée elle aussi sur les banquettes arrières, comme simple députée, encore une fois « remplacée par un gars », Ian Lafrenière.

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Ian Lafrenière

Sur sa lancée, elle énumère d’autres cas : Simon Jolin-Barrette, qui a orchestré à l’Immigration un « flop complet : le PEQ (Programme d’expérience québécoise). Est-ce qu’on lui a touché ? Pas du tout ». André Lamontagne, qui avait fait les manchettes dans le dossier des lanceurs d’alerte au ministère de l’Agriculture a aussi été épargné, note la députée.

Mme Melançon rappelle que le caucus du parti au pouvoir compte une trentaine de femmes et que lors de la dernière campagne électorale, M. Legault s’était engagé à former un gouvernement paritaire, une promesse non respectée.

Dans ce gouvernement, selon elle, la preuve est faite que le premier ministre protège les ministres masculins. « Les hommes n’ont rien à craindre et les femmes sont toujours sur le bout de leur chaise », conclut-elle.

Le conseil des ministres est formé de 16 hommes et 11 femmes.