(Ottawa) Signe du rapprochement qui pourrait s'installer entre le Canada et les États-Unis avec l'arrivée d'une nouvelle administration à Washington, le premier ministre Justin Trudeau est devenu lundi le premier leader étranger à s'entretenir au téléphone avec le président désigné Joe Biden.

Après avoir rapidement félicité Joe Biden pour son élection à la présidence des États-Unis, samedi, M. Trudeau a révélé sur son compte Twitter avoir eu un entretien téléphonique avec M. Biden lundi après-midi.

Après vérification, le bureau de M. Trudeau a indiqué à La Presse qu'il s'agissait du premier appel d'un dirigeant étranger qu'avait M. Biden depuis la confirmation de sa victoire samedi.

« J’ai parlé avec Joe Biden et l’ai encore félicité pour son élection. Nous avons déjà travaillé ensemble et nous sommes prêts à reprendre ce travail et à relever les défis et les opportunités auxquels nos deux pays sont confrontés, notamment les changements climatiques et la COVID-19 », a écrit M. Trudeau.

« On a discuté de ces défis, ainsi que du commerce, de l’énergie, de l’OTAN, du racisme envers les Noirs et de la détention par la Chine de Michael Kovrig et Michael Spavor. Sur ces questions et plusieurs autres, Joe Biden et moi avons convenu de travailler en collaboration », a ajouté M. Trudeau.

En conférence de presse en matinée, M. Trudeau a affirmé qu'il ne fait absolument aucun doute à ses yeux que Joe Biden a remporté l'élection présidentielle aux États-Unis, quoi qu’en dise le président sortant Donald Trump.

M. Trudeau a profité de sa rencontre avec les journalistes pour réitérer ses félicitations à M. Biden, affirmant avoir hâte de travailler avec sa nouvelle administration qui prendra la relève du règne turbulent de Donald Trump le 20 janvier.

« Quand la déclaration (de victoire) a été faite clairement comme elle a été faite en fin de semaine, nous pouvons être assez certains des résultats », a lancé M. Trudeau, qui s’est présenté devant les journalistes avec une poignée de ministres pour annoncer de nouveaux investissements afin d’assurer que tous les Canadiens aient accès à un réseau internet haute vitesse d’ici 2030.

Même si Donald Trump refuse toujours de concéder la victoire, M. Trudeau a affirmé durant sa conférence de presse qu’il fait confiance au processus électoral américain, se disant ainsi convaincu de l’intégrité du déroulement des élections américaines.

« J’étais content de féliciter le président désigné Biden en fin de semaine. Nous allons continuer de travailler avec l’administration actuelle jusqu’à la fin janvier. Suite à cela, on va travailler avec la nouvelle administration. Évidemment, ce sera mon troisième président américain. Je pense qu’au fil des années, on a démontré notre capacité à défendre les intérêts des Canadiens », a affirmé le premier ministre.

M. Trudeau a toutefois esquivé les questions au sujet du comportement du président sortant Donald Trump, qui semble vouloir s’accrocher à tout prix à son poste, quitte à lancer une guérilla judiciaire dans certains États dans l’espoir de faire renverser les résultats.

« Ma responsabilité, c’est d’être là pour défendre les intérêts des Canadiens. C’est ce que je vais faire à chaque étape », a-t-il lancé.

Devant les journalistes, le premier ministre a aussi fait valoir que la victoire de Joe Biden est de bon augure en ce qui a trait à la lutte aux changements climatiques. L’un des premiers gestes que compte poser la nouvelle administration Biden est de faire en sorte que les États-Unis réintègrent l’Accord de Paris sur les changements climatiques – une entente dont s’est retirée l’administration Trump il y a trois ans.

Cela dit, M. Trudeau s’est montré peu inquiet des velléités protectionnistes de la prochaine administration.

En campagne, Joe Biden a promis de mettre en oeuvre un nouveau programme de relance économique qui mettra l’accent sur l’achat de produits américains.

« Je pense qu’on a vu que même depuis quatre ans, sous une administration très protectionniste, on a pu développer des solutions en partenariat qui ont été énormément bénéfiques aux Canadiens. On a pu signer un nouvel accord de l’ALENA qui garantit notre accès au marché américain pour des décennies à venir. On a aussi pu contrer les tarifs injustes qui ont été imposés sur l’industrie de l’aluminium, entre autres. Nous avons développé des façons très robustes de défendre les intérêts des Canadiens », a dit le premier ministre.