(Ottawa ) Le gouvernement Trudeau s’est imposé la plus grande prudence mercredi devant les résultats serrés de l’élection présidentielle aux États-Unis, évitant tout commentaire qui pourrait être interprété comme un parti pris envers un des candidats engagés dans un combat sans merci dans une poignée d’États-pivots.

Selon des informations obtenues par La Presse, un mot d’ordre strict a été envoyé aux ministres et députés libéraux les implorant d’éviter de se prononcer sur la situation aux États-Unis tant et aussi longtemps que les résultats n’auront pas été validés par les autorités responsables d’organiser le scrutin.

Le premier ministre Justin Trudeau a donné le ton de la ligne de conduite de ses troupes mercredi matin en affirmant qu’il suit de près le déroulement du scrutin chez nos voisins du Sud, sans plus.

« Il y a un processus aux États-Unis et évidemment, comme tout le monde, on continue de le suivre et on va continuer de regarder attentivement ce qui se passe », a affirmé M. Trudeau à une poignée de journalistes en sortant de sa limousine.

M. Trudeau a par la suite répété le même commentaire en anglais avant de faire son entrée dans l’édifice de la colline du Parlement qui abrite la Chambre des communes.

Ce faisant, le premier ministre observe la ligne diplomatique qu’il avait évoquée la semaine dernière durant une conférence de presse virtuelle qu’il a tenue en compagnie du président du Conseil européen, Charles Michel, et de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Il avait alors évoqué la confusion qui a régné à l’élection présidentielle de 2000. À l’époque, il avait fallu attendre plusieurs semaines avant de déterminer le vainqueur entre le candidat républicain George W. Bush et le candidat démocrate Al Gore. Le tribunal avait finalement été appelé à trancher les résultats.

« Une prudence qui s’impose », selon Blanchet

Le président sortant Donald Trump a clamé la victoire durant la nuit, alors que des votes postaux n’ont pas encore été comptés. Son équipe compte intenter des poursuites devant les tribunaux dans certains États pour contester le dépouillement des bulletins de vote.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, qui avait dit espérer une défaite de Donald Trump, a indiqué que la prudence est la ligne de conduite que doit observer le gouvernement canadien.

« Je pense que pour les 24 prochaines heures, le premier ministre du Canada doit s’abstenir de mettre son doigt dans la trappe à souris. Il y a une certaine prudence qui s’impose », a dit le chef bloquiste mercredi matin.

Des ministres libéraux ont d’ailleurs adopté la même prudence que le premier ministre.

« On va laisser le processus électoral américain se dérouler et puis, évidemment, on suit la situation de très près, mais on va laisser maintenant aux Américains choisir leur président et on est prêts, évidemment, pour la suite », a affirmé le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne.

« On n’a pas le résultat final. Alors on va attendre. Mais c’est certainement une course très intéressante », a pour sa part déclaré le ministre des Transports, Marc Garneau.

Le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, a aussi indiqué suivre les résultats de près, mais il n’a pas voulu en dire davantage.