(Ottawa) Les tentatives d’obtenir des excuses du premier ministre Justin Trudeau pour les victimes de la Crise d’octobre jeudi ont été vaines.

Les voix du premier ministre François Legault ainsi que celles des partis indépendantistes à Québec et à Ottawa n’ont pas suffi à faire plier M. Trudeau pour les gestes posés par son père il y a 50 ans.

Le 16 octobre 1970, la Loi sur les mesures de guerre était imposée au Québec par le gouvernement fédéral de Pierre Elliott Trudeau à la demande du gouvernement de Robert Bourassa, alors premier ministre du Québec. Des centaines d’artistes, de journalistes et de syndicalistes d’allégeance indépendantiste ont été arrêtés ou détenus de façon arbitraire.

Le ministre provincial du Travail, Pierre Laporte, a été retrouvé mort le 17 octobre 1970 dans le coffre d’une voiture. Il avait été enlevé par la cellule Chénier du Front de libération du Québec (FLQ), mais la thèse de l’assassinat prémédité a été réfutée au fil des ans.

À l’approche du 50e anniversaire de la Crise d’octobre, plusieurs voix se sont élevées pour réclamer des excuses officielles du premier ministre canadien.

« Il y a eu des mesures qui ont été mises en place puis il y a des personnes qui ont été arrêtées sans fondement, donc, je pense qu’il devrait y avoir des excuses », a déclaré François Legault en conférence de presse jeudi.

« Personne ne demande d’excuses pour les cellules felquistes. […] Nous demandons des excuses pour […] la mise en place momentanée d’un État militaire au Québec par le premier ministre du Canada », a renchéri Yves-François Blanchet aux Communes.

PHOTO BLAIR GABLE, REUTERS

Justin Trudeau

Ces excuses ne sont pas venues, jeudi.

« C’est certain que les évènements d’octobre 1970 ont été très difficiles pour bien des Québécois. Je pense qu’il faut commencer par avoir une pensée pour la famille de Pierre Laporte, pour qui cet anniversaire ramène de très douloureux souvenirs », a offert M. Trudeau.

L’Assemblée nationale a échoué à faire adopter une motion demandant des excuses officielles au premier ministre Trudeau pour les 36 000 victimes de la Crise d’octobre. Le Parti libéral du Québec (PLQ) s’y est opposé.

La motion du Parti québécois a reçu l’appui de la Coalition avenir Québec (CAQ) et de Québec solidaire (QS), mais le leader de l’opposition officielle, André Fortin, a refusé son consentement.

La motion rappelait qu’en octobre 1970, 497 Québécois « ont été injustement arrêtés et emprisonnés, et 36 000 personnes ont fait l’objet d’une perquisition abusive en raison de leur allégeance politique indépendantiste ».

« Ce n’est pas notre vision des choses, a justifié la cheffe libérale, Dominique Anglade, en conférence de presse. On n’a pas voté en faveur des demandes des excuses formelles à Ottawa. On n’était pas en accord avec la motion telle qu’elle était libellée, et nous allons revenir, la semaine prochaine, avec notre propre motion. »

Le Bloc a l’intention de taper sur ce clou à la Chambre des communes au moins jusqu’à la fin du mois.

« Justin Trudeau va vivre octobre en étant sa propre crise personnelle. Il va nous avoir dans les pattes tous les jours. Il va mourir d’envie de suspendre de nouveau le Parlement. Il va célébrer la semaine de relâche parce qu’on ne le lâchera pas », a prédit M. Blanchet.