Rendre les véhicules zéro émission plus abordables, assurer les liaisons régionales des compagnies aériennes et offrir des compensations aux producteurs laitiers sous le système de gestion de l’offre. Les promesses sont abondantes, les secteurs concernés sont dubitatifs et plusieurs se demandent si les bottines suivront les babines.

Liaisons aériennes régionales

Le gouvernement Trudeau a annoncé son intention « de travailler avec des partenaires pour assurer des liaisons régionales des compagnies aériennes », stipulant qu’il « est essentiel que les Canadiens vivant en région aient accès à un service aérien fiable et abordable ».

« Pour les communautés en région, le transport aérien est aussi important que le transport en commun l’est à Montréal. On transporte des humains, oui, mais aussi énormément de marchandise, et ça permet à des communautés d’avoir une vitalité économique viable », témoigne Jonathan Lapierre, maire des Îles-de-la-Madeleine, vice-président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) et président du comité aérien de la FQM, qui espère « plus que des paroles » de la part du gouvernement.

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Jonathan Lapierre, maire des Îles-de-la-Madeleine

« Les gens voyagent présentement pour le travail ou des raisons médicales. Il n’y a pas de reprise annoncée à court terme, mais un jour, on va y arriver et si toutes nos compagnies ont disparu, on va se retrouver avec un méchant problème. Ça prend du leadership, des sous, un programme, un soutien. Je ne parle pas d’un chèque en blanc aux compagnies ; on doit plutôt profiter de cette occasion pour revoir le modèle aérien », avance-t-il, plaidant qu’il faut aider davantage les compagnies régionales afin qu’il y ait une saine compétition dans le paysage aérien plutôt qu’un monopole.

Producteurs laitiers

Ottawa a annoncé son intention d’indemniser les producteurs laitiers pour les concessions accordées en vertu des récents accords commerciaux, soit l’Accord économique et commercial global (AECG), l’Accord global et progressif de partenariat transpacifique (PTPGP) et l’Accord Canada — États-Unis — Mexique (ACEUM). Échaudés, ils attendent aussi de voir la couleur de cet argent avant de se réjouir.

« Les mots ne suffisent pas lorsque vous perdez chaque année 450 millions de dollars de votre production intérieure et que celle-ci est cédée à des producteurs étrangers – ce n’est que lorsque nous verrons les détails que nous saurons si cette promesse est tenue », a déclaré Pierre Lampron, président des Producteurs laitiers du Canada.

Il rappelle que d’ici quatre ans, « 18 % de notre production laitière nationale sera cédée à des producteurs étrangers. Ces producteurs d’autres pays fourniront le lait contenu dans les produits laitiers importés qui se retrouveront sur les tablettes des supermarchés canadiens ».

Selon M. Lampron, « le gouvernement fédéral enverrait un signal clair qu’il a entendu les Canadiens lorsqu’il est question de sécurité alimentaire et de souveraineté » s’il appuie réellement les producteurs laitiers, qui soutiennent 221 000 emplois.

Environnement

Favoriser la mise en place d’un plus grand nombre de solutions de transports en commun et transports actifs ; légiférer sur l’objectif canadien de zéro émission nette d’ici 2050, rendre les véhicules zéro émission plus abordables… Greenpeace Canada et Équiterre saluent les nombreuses intentions du gouvernement fédéral en matière d’environnement annoncées mercredi, mais gardent leurs réjouissances pour le jour où ces ambitions se concrétiseront.

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Ottawa souhaite rendre les véhicules zéro émission plus abordables.

« D’un point de vue environnemental, ce discours du Trône présente de bonnes orientations », convient Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales d’Équiterre. « Les promesses ne sont pas suffisantes et le gouvernement devra passer de la parole aux actes. C’est dans l’exécution et la livraison de ces solutions qu’on pourra réellement juger de leur valeur », ajoute-t-il.

« Nous avons entendu beaucoup de belles paroles [mercredi], mais nous avons déjà trop entendu ce genre de promesses pour y croire sur la simple bonne foi », seconde Keith Stewart, stratège senior en énergie chez Greenpeace Canada

« Pour transformer cette bataille en un réel changement pour les communautés affectées — notamment pour s’assurer qu’elles bénéficient des emplois verts promis aujourd’hui —, nous devons voir des plans entièrement financés dans les prochaines lettres de mandat ministériel et la mise à jour économique », ajoute Jesse Firempong, porte-parole en justice climatique chez Greenpeace Canada.