(Québec) Les personnalités publiques et les politiciens qui commentent l’évolution de la pandémie de COVID-19 sont plus que jamais la cible de propos violents et menaçants sur les réseaux sociaux. Selon ce qu’a appris La Presse, la Sûreté du Québec (SQ) a reçu ces dernières semaines plus d’une dizaine de signalements concernant des individus agressifs en ligne qui ont dû être rencontrés par des agents.

Entre mars et septembre 2019, la SQ a reçu 53 signalements pour des propos menaçants visant des élus de l’Assemblée nationale. Sur cette même période de temps pendant la pandémie, en 2020, elle en a reçu 300, a affirmé sur Twitter jeudi l’inspecteur-chef Guy Lapointe de la Sûreté du Québec. « Pensez aux conséquences avant d’appuyer sur "enter" », a-t-il ajouté.

Mercredi, le chef par intérim du Parti québécois (PQ), Pascal Bérubé, a signalé pour la deuxième fois cette semaine à la police les propos d’un individu sur Facebook qui a écrit qu’il méritait la « peine de mort » pour ses positions critiques envers les manifestants complotistes.

M. Bérubé avait aussi signalé plus tôt cette semaine les propos d’un autre homme sur Twitter qui affirmait que sa conjointe et lui ne pourraient « plus marcher dans les rues bientôt ».

« C’est encore un exemple de menace de mort qui s’adresse à la fois au premier ministre et à moi. […] Je l’ai signalé aussi à la police. Je n’accepte pas de me faire menacer en raison de mes prises de position politiques », a déclaré le chef péquiste à La Presse.

En démocratie, on a le droit d’être en désaccord et de l’exprimer, mais pas de menacer de mort une personne avec laquelle on est en désaccord. Ça suffit !

Pascal Bérubé, chef par intérim du Parti québécois

L’individu en question qui a écrit sur Facebook se fait appeler Billy Gagné. Il commentait l’entrevue qu’a donnée M. Bérubé à QUB Radio dans laquelle il se demandait si Québec devait imposer le port du masque aux manifestants qui se rassemblent pour dénoncer les mesures sanitaires prises pour freiner la propagation de la COVID-19 dans la province.

« Pascal Bérubé, tu es pire que pire, tu vas mériter la même peine que ton mentors François Legault, crime contre l’humanité, vous êtes des criminels de guerre, c’est indiscutable = peine de mort, j’espère que justice sera rendu », a écrit M. Gagné (citation exacte).

M. Gagné est connu des policiers dans la région de Matane. Il a déjà été condamné à 19 mois de prison pour braquage à domicile. La SQ a confirmé mercredi à La Presse que l’homme avait été interrogé par les policiers en lien avec le message qu’il avait envoyé à Pascal Bérubé.

Escalade de violence

À la Sûreté du Québec, on assure que « toutes les situations du genre sont prises au sérieux » et que « les gens qui tiennent ce genre de propos s’exposent à des conséquences », a affirmé mercredi à La Presse le lieutenant Hugo Fournier, du service des communications.

La police nationale reçoit beaucoup de plaintes concernant des individus agressifs en ligne, mais la violence vise particulièrement depuis quelque temps les personnalités publiques, dont les politiciens, qui parlent de la COVID-19. Les individus qui écrivent des propos menaçants sont rencontrés par des agents, qui définissent si les propos qui ont été écrits ou tenus sont des menaces au sens du Code criminel.

Les gens doivent comprendre que faire des menaces sur les réseaux sociaux, c’est criminel, et qu’on est en mesure d’intervenir au besoin pour les arrêter.

Le lieutenant Hugo Fournier de la Sûreté du Québec

Pascal Bérubé n’est pas le seul à recevoir des menaces sur les réseaux sociaux. La semaine dernière, la SQ a aussi interpellé deux hommes qui ont tenu des propos menaçants envers le premier ministre François Legault, estimant qu’il devait payer « de sa vie » pour les mesures sanitaires qu’il impose.