(Fredericton) Le Parti progressiste-conservateur de Blaine Higgs a remporté son pari et a obtenu le gouvernement majoritaire qu’il réclamait au Nouveau-Brunswick. Son gouvernement devient du même coup le premier à décrocher un deuxième mandat dans la province depuis 2003.

Moins d’une heure après la fermeture des bureaux de vote, la victoire était déjà acquise pour les progressistes-conservateurs. Au final, selon les résultats non officiels, ils ont remporté 27 sièges contre 17 pour les libéraux, trois pour les verts et deux pour l’Alliance des gens.

Dans son discours de la victoire, Blaine Higgs a déclaré qu’une majorité à l’Assemblée législative lui procurerait la stabilité nécessaire pour gouverner la province en cette période de crise sanitaire et économique.

Malgré son nouveau statut majoritaire, il a tout de même annoncé que le comité de gestion de la pandémie, formé de tous les chefs de partis, allait demeurer en place.

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Blaine Higgs a voté dans une salle paroissiale de sa circonscription de Quispamsis.

La seule ombre au tableau pour les progressistes-conservateurs reste l’incapacité à rejoindre les régions francophones. Seul Daniel Allain, dans Moncton-Est, pourra parler pour les francophones au sein du gouvernement.

Blaine Higgs a tout de même tendu la main aux Acadiens dans son discours. « Que ce soit le nord, le sud, les régions urbaines ou rurales, l’objectif primordial de notre gouvernement sera d’aider toutes les régions », a-t-il promis en français.

Dans le camp libéral, la défaite a été difficile pour le chef Kevin Vickers qui a démissionné de son poste laissant le parti sans chef. En plus d’échouer à prendre le pouvoir, il n’a pas réussi à se faire élire. M. Vickers a été défait par plus de 1000 voix dans Miramichi par la députée sortante Michelle Conroy de l’Alliance des gens.

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Kevin Vickers

Les électeurs du Nouveau-Brunswick étaient appelés aux urnes, lundi, après une campagne électorale provinciale marquée par les mesures inhabituelles que les candidats ont dû prendre pour faire face à la pandémie de COVID-19.

Blaine Higgs n’a d’ailleurs pas manqué de féliciter la population pour la réussite de cet exercice démocratique en pleine crise sanitaire.

« Les gens du Nouveau-Brunswick nous ont montré que nous sommes plus forts ensemble. Nous avons respecté les règlements, nous avons fait attention à la sécurité des autres. Je vous en remercie », a-t-il dit en rappelant la participation record au vote par anticipation.

Le taux de participation final, selon Élections Nouveau-Brunswick, s’élève à 66,14 %.

En raison des règles de santé et d’hygiène, il n’y a pas eu de poignées de main, pas de câlins aux bébés, pas de rassemblements et pas de barbecues communautaires pendant les 28 jours de campagne. Une grande partie de la campagne a été menée sur les médias sociaux, bien qu’il y ait aussi eu du porte-à-porte, le tout à une distance sécuritaire.

M. Higgs a déclenché l’élection seulement 21 mois après le début de son premier mandat, affirmant que son gouvernement minoritaire avait besoin de stabilité et d’une majorité pour gouverner une province ébranlée par la pandémie.

À la sortie des bureaux de vote, les électeurs se sont dits surpris de la fluidité du processus, affirmant que la seule différence qu’ils avaient remarquée par rapport aux élections précédentes avait été la distanciation physique et le port de masques.

Des files d’attente ont été signalées dans quelques bureaux de vote et il y a eu un fort taux de participation lors du vote par anticipation.

À la dissolution de l’Assemblée législative, on comptait 20 conservateurs, 20 libéraux, trois verts, trois membres de l’Alliance des gens, un indépendant et deux sièges vacants. Au moins 25 sièges sont nécessaires pour obtenir la majorité dans l’assemblée de 49 sièges. Des sondages récents placent les conservateurs bien en avance sur leurs rivaux.

Higgs accusé d’opportunisme politique

Le chef libéral Kevin Vickers a déposé son bulletin de vote peu après l’ouverture du scrutin à Miramichi. Il a déclaré que la campagne avait été un défi, bien que des outils en ligne aient été utilisés pour faire passer le message du parti au public.

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Kevin Vickers a voté à Miramichi.

Pendant la course, M. Vickers a fréquemment pris pour cible M. Higgs pour avoir déclenché des élections anticipées au milieu d’une pandémie, suggérant que le premier ministre faisait passer l’opportunisme politique avant la sécurité publique.

M. Vickers a déclaré que la province avait besoin d’un programme de croissance, ce qui, selon lui, contraste avec ce qu’il a appelé le plan tacite des conservateurs d’imposer de grandes réductions de dépenses. Le chef libéral s’est également engagé à mettre l’agence de développement économique de la province – Opportunités Nouveau-Brunswick – « sur les stéroïdes ».

Le chef du Parti vert David Coon, qui est devenu en 2014 le premier vert élu à la législature de la province, a également accusé M. Higgs de mener un coup de force pour s’emparer du pouvoir.

Au centre de la plateforme verte se trouvent des engagements visant à éliminer l’utilisation d’herbicides industriels sur les terres publiques, à augmenter le salaire minimum à 15 $ l’heure et à abaisser l’âge légal du vote à 16 ans.

Quant à l’Alliance des gens, dirigée par Kris Austin, le parti avait accepté de soutenir le gouvernement Higgs pendant 18 mois après les élections de 2018. Lorsque cet accord a pris fin, M. Higgs a demandé aux autres partis de le maintenir au pouvoir jusqu’en 2022 ou jusqu’à ce que la pandémie soit déclarée terminée.

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Kris Austin

Lorsque les libéraux ont mis fin à ces pourparlers le mois dernier, M. Higgs a déclenché des élections.

Le Nouveau Parti démocratique, qui n’avait pas d’élu à l’Assemblée législative au déclenchement des élections, a encore échoué à s’emparer d’un siège. Le parti est dirigé par un chef par intérim, Mackenzie Thomason.