François Legault et Doug Ford font front commun face à Ottawa et demandent au gouvernement fédéral d’augmenter de façon récurrente ses transferts aux provinces, et ce sans condition, pour qu’elles assurent un financement stable à leurs systèmes de santé.

Cette prise de position commune a été le cœur du message lancé mercredi par les deux premiers ministres à la clôture d’un sommet Ontario-Québec sur la relance économique. En guise de contexte, M. Legault a expliqué que les dépenses et les revenus des gouvernements augmentent d’environ 3 % par année, alors que les dépenses en santé augmentent en moyenne de 5 à 6 %, notamment en raison des avancées technologiques et du vieillissement de la population.

Pour cette raison, le Québec et l’Ontario veulent qu’Ottawa revoie à la hausse le programme du Transfert canadien en matière de santé, qui finance pour l’instant un peu plus de 20 % des dépenses des provinces en santé, a expliqué M. Legault. Les provinces discuteront d'ailleurs de cet enjeu dans quelques jours à Québec, lors d'une rencontre du Conseil de la fédération, où elles pourront chiffrer leur demande précise au gouvernement fédéral.

À Ottawa, mercredi, le premier ministre canadien Justin Trudeau a pour sa part affirmé qu'il avait « bien hâte d'entamer des discussions avec les provinces et les territoires sur les prochaines façons qu'on va pouvoir aider » à financer le système de santé au pays.

Un « chin chin » qui fait jaser

François Legault a également commenté mercredi une photo qu’il a partagée sur les réseaux sociaux où on le voit assis à l’extérieur près de son homologue Doug Ford en train de partager une bière. Sur les réseaux sociaux, certains ont soulevé que les deux premiers ministres semblaient rapprochés. Des députés de l’opposition à Québec ont également questionné si toutes les règles sanitaires avaient été respectées.

« D'abord, ce qui est important de dire, c'est qu'on a respecté le port du masque jusqu'à tant qu'on soit assis à deux mètres. (...) Le chin chin, on n'a pas cogné les verres, mais on peut toujours faire plus attention », a affirmé le premier ministre du Québec, qui a également été reçu mardi pour un souper à la résidence de son homologue ontarien.

À ce sujet. M. Legault a assuré qu’il avait en tout temps gardé deux mètres de distance avec Doug Ford, comme les directions de santé publique le demandent. « Nos bouches sont restées à plus de deux mètres », a-t-il spontanément assuré.

« Pendant que le ministre de la Santé sermonne les Québécois, dénonce le relâchement de la population et parle de "serrer la vis", le premier ministre trinque comme si de rien n’était. Le premier ministre et l’ensemble des élus ont un devoir d’exemplarité quant au respect des consignes de santé publique », a pour sa part dénoncé la députée libérale Marie Montpetit.

De l'aide aux travailleurs en congé forcé

Du côté de Québec mercredi, ou plus précisément à l'Hôtel Musée Premières Nations de Wendake, en périphérie de la capitale, Québec solidaire a terminé son caucus d'avant-session en demandant au gouvernement Legault d'instaurer un programme qui donnerait 10 jours de congés payés pour tous les travailleurs en ce temps de pandémie.

En point de presse, la cheffe solidaire Manon Massé et le leader parlementaire Gabriel Nadeau-Dubois ont rappelé que plusieurs travailleurs ne peuvent pas effectuer de télétravail s'ils sont forcés de se placer en isolement préventif en raison de la COVID-19. Dans certains cas, des personnes doivent choisir entre perdre des revenus en attendant de recevoir les résultats de leur test de dépistage ou d'aller travailler quand même.

En point de presse à Toronto, François Legault a rappelé que « le gouvernement fédéral a annoncé qu'il va financer une banque de 10 journées de maladie pour tous les travailleurs » et que « le montant va être transféré aux provinces ». 

« Le ministre du Travail, Jean Boulet, va mettre en place un système. C'est une question de temps pour que â soit mis en place et financé à 100% par le gouvernement fédéral », a dit M. Legault.

Le premier ministre a également affirmé que son passage dans la métropole du Canada, accompagné de plusieurs ministres de son cabinet, se déroulait de façon sécuritaire, alors qu'une remontée des cas de COVID-19 au Québec fait craindre à plusieurs le début d'une deuxième vague.