(Montréal) Profitant de l’intention annoncée par le gouvernement caquiste d’assujettir les entreprises de juridiction fédérale à la Loi 101, le Bloc québécois annonce qu’il fera écho à cette initiative à Ottawa en déposant son propre projet de loi.

Ce n’est pas la première fois que le Bloc veut solidifier la place du français avec un projet de loi pour que les entreprises fédérales au Québec — comme les banques et les entreprises de télécommunications — soient obligées de respecter la Charte de la langue française, communément appelée la Loi 101.

Celle-ci exige notamment que le français soit la langue d’usage au sein des entreprises du Québec comptant plus de 50 employés.

Des tentatives répétées au cours des années ont toutefois échoué.

Mais cette fois-ci, les conditions sont plus propices, a déclaré le chef bloquiste Yves-François Blanchet, lundi en point de presse à Montréal, devant le buste de Camille Laurin, qui guida l’adoption de la Loi 101 alors qu’il était ministre péquiste.

C’est le cas parce que l’Assemblée nationale se dirige dans cette même direction, a-t-il dit, prenant appui sur les propos tenus récemment par le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette. Ce dernier est en train de préparer un plan de valorisation de la langue française : offrant un avant-goût de son contenu, il a justement parlé d’assujettir à la Loi 101 les entreprises de compétence fédérale présentes au Québec.

« Le Bloc supporte avec enthousiasme cette initiative du gouvernement québécois, a lancé le chef bloquiste. Et je m’attends à ce que ce soit largement bien reçu par les élus de l’Assemblée nationale. »

Si l’Assemblée nationale indique clairement sa position à ce sujet, il sera facile de voir à Ottawa quels députés et quels partis respectent le français et les droits des francophones, a ajouté M. Blanchet.

« On verra qui est sincère dans les affirmations par rapport au français au Québec et par rapport à la légitimité de la nation québécoise de s’affirmer. »

Mais du même souffle, le chef bloquiste dit n’avoir que peu d’illusions sur la réception qu’aura son projet de loi à Ottawa.

« Mais ce sera révélateur », tranche-t-il. Les Québécois verront bien qu’il n’y a que le Bloc qui se préoccupe réellement de la langue française.

Le Bloc affirme avoir été choqué par les conclusions d’une récente étude sur les exigences linguistiques des entreprises lors de l’embauche de travailleurs.

Il craint que cette tendance à exiger la connaissance de l’anglais menace le droit des Québécois à travailler en français, tout particulièrement à Montréal, et ne mine la survie du français comme langue nationale.

Interrogé lundi à savoir s’il est favorable à étendre la Loi 101 aux entreprises de juridiction fédérale au Québec, le premier ministre Justin Trudeau a été évasif.

« Nous allons toujours être là pour défendre la particularité de la langue française au Québec et partout au pays et pour défendre nos langues officielles, plus particulièrement ceux qui vivent des situations minoritaires », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Montréal.

Il s’est dit ouvert à avoir des conversations avec les Canadiens sur les meilleures façons de mettre en œuvre ces protections, mais il n’a rien promis de concret.