(Ottawa) Les conservateurs fédéraux demandent à WE Charity (UNIS, en français) de publier une série de documents que l’organisme avait promis de remettre à un comité de la Chambre des communes avant que le premier ministre Justin Trudeau proroge le Parlement.

Les porte-parole conservateurs en matière de finances et d’éthique, Pierre Poilievre et Michael Barrett, ont fait parvenir une lettre en sens aux frères Craig et Marc Kielburger, les fondateurs de WE Charity.

Les conservateurs veulent en savoir davantage sur les raisons qui ont poussé le gouvernement fédéral de faire administrer un programme de bourse pour étudiants de plusieurs millions de dollars par l’organisme de bienfaisance. L’enquête lancée par le comité permanent des finances de la Chambre des communes a dû être suspendue à la suite de la décision de Justin Trudeau de proroger le Parlement, le 18 août.

L’organisme a renoncé à gérer la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant quelques semaines après son annonce. Le programme a été ensuite annulé par le gouvernement.

MM. Poilievre et Barrett rappellent que les frères Kielburger et autres dirigeants de WE Charity avaient promis, lors de leur comparution devant le comité des finances, de remettre des documents. Selon les élus, il n’est pas nécessaire d’attendre la reprise des activités à la Chambre des communes, à la fin de septembre, pour les remettre.

Dans leur lettre, Pierre Poilievre et Michael Barrett notent que les Kielburger et d’autres employés de WE se sont engagés à fournir aux députés des réponses à plusieurs questions auxquelles ils n’ont pas pu répondre lors de leur comparution devant le Comité des finances.

Ces questions sans réponse sont décrites dans deux annexes préparées par la Bibliothèque du Parlement et jointes à la lettre des conservateurs, et comprennent des détails sur les discussions de WE avec le gouvernement libéral au sujet de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.

Le comité des finances a également demandé à l’organisme de bienfaisance de fournir plus d’informations sur deux voyages que WE a organisés pour le ministre des Finances de l’époque Bill Morneau et sa famille au Kenya et en Équateur.

« Ces informations supplémentaires n’ont pas été fournies au comité au moment où Justin Trudeau a prorogé le Parlement, ont écrit Pierre Poilievre et Michael Barrett aux frères Kielburger. Toutefois, étant donné que vous avez tous deux exprimé votre désir de fournir aux députés les informations requises, nous vous exhortons à ne pas attendre le retour de la Chambre des communes en septembre. »

Les Kielburger se sont entretenus avec le Comité des finances par vidéoconférence le 28 juillet. Ils ont alors insisté sur le fait que WE n’avait pas été choisi pour gérer la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant en raison des liens de l’organisation avec Justin Trudeau et d’autres membres du gouvernement libéral.

Les dirigeants de WE, Dalal Al Waheidi, Scott Baker et Sofia Marquez, ont comparu deux semaines plus tard, lorsqu’ils ont été interrogés sur des dizaines de communications avec des employés du gouvernement alors qu’ils n’étaient pas inscrits au registre fédéral des lobbyistes.

WE n’a pas pu être contacté immédiatement pour commenter dimanche.

Pierre Poilievre et Michael Barrett ont averti que le comité ferait un suivi « de manière sérieuse » de toute information en suspens après la reprise du Parlement le 23 septembre, « mais nous sommes certains que dans un esprit de coopération, vous voudrez répondre de manière proactive dès maintenant ».

La Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant a été annoncée par Justin Trudeau le 25 juin et a été présentée comme un moyen pour les étudiants de gagner de l’argent pour payer leurs études postsecondaires en faisant du bénévolat pour des organismes de bienfaisance et des groupes à but non lucratif qui luttent contre la COVID-19.

Mais la décision du gouvernement de confier à WE le programme, qui avait un budget annoncé de 912 millions, a été rapidement entachée par des allégations de conflit d’intérêts en raison des liens de Justin Trudeau avec l’organisme, y compris des apparitions à plusieurs rassemblements de l’organisme.

WE a finalement renoncé à l’accord, invoquant une controverse politique, et le programme de bourse a depuis été abandonné. Le commissaire à l’éthique enquête actuellement sur Justin Trudeau, dont la famille a été payée pour participer à plusieurs évènements de WE, et également sur l’ancien ministre des Finances Bill Morneau.

Michael Barrett a écrit la semaine dernière à l’entreprise Speaker’s Spotlight, l’agence par laquelle WE a payé des centaines de milliers de dollars à l’épouse, à la mère et au frère de Justin Trudeau pour ces évènements, demandant de lui remettre tous les documents sur les contrats.

Justin Trudeau et Bill Morneau se sont excusés de ne pas s’être récusés des discussions au conseil des ministres au sujet de l’entente selon laquelle WE dirigerait le programme de bourses, mais ils ont insisté sur le fait que ce sont des fonctionnaires qui ont recommandé l’organisation.

Des milliers de documents gouvernementaux publiés par Justin Trudeau lors de la prorogation du Parlement semblent confirmer cette affirmation, mais certains laissent entendre également que les fonctionnaires ont peut-être été encouragés à travailler avec WE par leurs supérieurs.