(Ottawa) L’arrivée d’Erin O’Toole à la tête du Parti conservateur ne change rien — pour l’instant — aux intentions de vote des Canadiens et des Québécois.

Les conservateurs demeurent à 11 % des intentions de vote des Québécois et à 27 % chez les autres Canadiens, selon un sondage.

Plus inquiétant pour le nouveau chef, ce sondage mené conjointement par la firme Léger et l’Association d’études canadiennes révèle que son élection à la tête du parti diminue l’envie de 42 % des Québécois interrogés de voter pour les conservateurs.

Pourtant, les militants conservateurs québécois ont manifestement misé sur M. O’Toole. Au fil d’arrivée, celui-ci avait récolté 60,5 % des voix au Québec, à comparer aux 39,5 % pour M. MacKay.

Le sondage indique que seulement 8 % des Québécois interrogés seraient davantage inspirés à voter pour le parti de M. O’Toole maintenant qu’il en est le chef. La moitié des Québécois qui ont répondu au sondage — 50 % — ne savent pas quel effet le nouveau leader aura sur leur vote.

Dans le reste du Canada, ils sont tout autant — 51 % — à ne pas savoir ce que le nouveau chef leur inspire. Mais ils sont un peu moins nombreux qu’au Québec — 35 % — à choisir de s’éloigner des conservateurs parce M. O’Toole les dirige dorénavant. Inversement, 15 % — presque le double du chiffre québécois — disent que son arrivée les poussera davantage à voter pour le Parti conservateur.

Ces questions ont été posées vendredi, samedi et dimanche dernier. Le résultat de la course au leadership conservateur a été connu dans la nuit de dimanche à lundi. On avait donc demandé si M. O’Toole devenait chef, quel impact cela aurait sur les intentions de vote.

L’autre scénario, celui où Peter MacKay remportait la course au leadership conservateur, avait aussi été évoqué dans le sondage.

Selon Christian Bourque, de la firme Léger, les chiffres de M. MacKay, devenus « caduques », étaient assez semblables à ceux de M. O’Toole. Par exemple, au Québec, 38 % auraient été moins enclins à voter pour les conservateurs après une élection de M. MacKay, à comparer aux 42 % de M. O’Toole.

« Il pourrait marcher librement dans les rues de Montréal, et il n’y a pas grand monde qui se retournerait », a noté M. Bourque, en entrevue téléphonique, analysant ce que ces chiffres signifient pour Erin O’Toole.

Le sondeur a rappelé que le précédent chef conservateur, Andrew Scheer, avait le même problème.

« M. O’Toole se retrouve un peu dans la même situation. Ça va lui prendre des mois avant d’établir sa crédibilité, sa notoriété. Ce qui fait que je ne pense pas qu’il y ait un appétit pour une élection précipitée de la part des conservateurs », a supposé M. Bourque.

Il s’est également étonné de voir les libéraux remonter dans les intentions de vote, si rapidement après l’affaire WE Charity. Les revoilà à 38 % chez les électeurs décidés.

« Les libéraux ont pu se replacer en avant de l’échiquier politique. Ça démontre avant tout que les gens veulent une certaine stabilité », croit M. Bourque, rappelant, bien sûr, la pandémie.

Les questions du sondage ont été posées en ligne à un échantillon non probabiliste de 1516 Canadiens. Il est impossible de calculer une marge d’erreur lorsqu’on utilise pareille méthode.